AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enkidu_


Grenade fut une expérience précieuse. L’Alhambra est comme une fleur rougeâtre dans le désert. Les surfaces de rêve remplies d’arabesques transposent le feuillage vert et grimpant des jardins dans l’espace spirituel ; c’est bien comme notre guide espagnole nous l’avait dit : le Musulman contemple la beauté de la nature pour par là même mieux connaître la beauté de Dieu.

Avant d’arriver à Grenade — nous étions le long de la mer à proximité de Tossa de Mar — j’eus une puissante expérience en rapport avec la Shahâdah ; je vis brusquement et d’une manière tout à fait nette comment tout ce que nous avons jamais cherché se retrouve dans la Shahâdah, à savoir la doctrine métaphysique et la réalisation spirituelle : la doctrine, car la Shahâdah est un discernement entre le Réel et l’irréel ; et la réalisation, car la Shahâdah est une invocation comme tout Nom divin ; la métaphysique et l’invocation sont tout pour nous, et les deux résident dans la Shahâdah. À côté de cela, les Noms Rahmân et Rahîm ont la signification d’une invocation a priori non métaphysique de la Personne divine, alors que le Nom Allâh correspond à une invocation existentielle et nullement mentale ; Dieu est l’Invoquant, nous ne sommes que la substance.

Face au Christianisme, la Shahâdah enseigne : seul l’Absolu est absolu. C’est pourquoi chaque Envoyé de Dieu a la même valeur, chacun apporte le salut. Aucun ne peut, en tant qu’Absolu, faire en sorte que les autres se réduisent à néant ; alors que dans le Christianisme, la manifestation du Christ réduit à rien les messages de salut antérieurs. Avant le Christ, il n’y avait pas de salut, Dieu est en quelque sorte le Christ : c’est cela que l’Islam devait rejeter, et c’est la raison pour laquelle les deux points de vue sont inconciliables.

Le Christianisme correspond à une décision volitive entre l’ici-bas et l’au-delà ; l’Islam en revanche est un choix intellectuel de la Vérité, et c’est à la lumière de cette Vérité que toute chose doit être connue et évaluée. Dans la Vérité métaphysique, il n’y a ni ici-bas ni au-delà, tout se trouve en elle, et c’est ce qu’illustre l’art islamique. Tout ce qui est naturel à l’homme trouve sa place au sein de cette Vérité. Le monde est vu en Dieu, et reçoit par la même sa signification et son efficacité spirituelle. (lettre à Titus Burckhardt, Séville, le 15.VIII.54, pp. 23-24)
Commenter  J’apprécie          10









{* *}