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Citation de enkidu_


Une considération très particulière, mais caractéristique pour les malentendus interconfessionnels, pourrait s’insérer ici, bien que sa substance soit connue de nos lecteurs habituels : selon une idée courante, et d’autant plus tenace que son contenu est matériellement et psychologiquement impossible, l’ascèse musulmane serait d’origine chrétienne, voire bouddhiste, comme si l’ambiguïté des plaisirs terrestres pouvait échapper à une perspective aussi soucieuse de la nature des choses que l’Islam.

La contradiction apparente dans le comportement moral des Musulmans n’est pas dans leur philosophie, elle est dans les choses elles-mêmes ; si l’Islam d’une part reconnaît la qualité positive de la sexualité, d’autre part il a conscience du danger que comporte le plaisir comme tel, les deux points de vue coexistant et s’entrecroisant dans la pratique comme dans la théorie.

D’une part, le Soufi se détourne de la beauté terrestre, comme s’il disait : « Puisque ceci n’est pas Dieu, ce n’est pas la beauté ; Dieu seul la possède. » Mais d’autre part, il contemple et accepte la beauté : « Puisque ceci est beauté et rien d’autre, ce ne peut être que celle de Dieu, ici même. » Le tout est d’équilibrer les deux attitudes : d’accepter la beauté ou toute autre valeur « au Nom de Dieu » et sans excès, et conjointement avec certains refus qui renforcent le droit à l’acceptation.

La définition classique du bien comme se situant entre deux excès contraires, trouve ici sa signification plénière, en ce sens qu’il ajoute à ce bien sagement acquis une dimension verticale, celle du Ciel qui bénit et attire, ou qui sanctifie et réintègre. Certes, les jardins terrestres peuvent nous inciter à oublier le Jardin céleste et à « lâcher la proie pour l’ombre » ; mais en réalité, – et alors le « ressouvenir » contemplatif neutralise la séduction et l’extériorité, – le jardin terrestre est le Paradis voilé. (pp. 140-141)
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