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Citation de enkidu_


Dans le Nom Allâh, il y a les aspects de Transcendance terrible et de Totalité enveloppante ; s’il n’y avait que l’aspect de Transcendance, il serait difficile ou même impossible de contempler ce Nom. A un autre point de vue, on peut dire que le Nom Allâh exhale à la fois la sérénité, la majesté, le mystère : la première qualité se réfère à l’indifférenciation de la Substance, la seconde à l’élévation du Principe et la troisième à l’Aséité à la fois secrète et fulgurante.

Dans le graphisme arabe du Nom Allâh, nous distinguons une ligne horizontale, celle du mouvement même de l’écriture, puis des droites verticales (âlif et lam), et, à la fin, une ligne plus ou moins circulaire que nous pouvons réduire à un cercle ; ces trois éléments sont comme des indications de trois « dimensions » : la sérénité, qui est « horizontale » et indifférenciée comme le désert ou comme une nappe de neige ; la majesté, qui est « verticale » et immuable comme une montagne ; et le mystère, qui s’étend « en profondeur » et se réfère à l’aséité et à la gnose.

Le mystère d’aséité implique celui d’identité, car la nature divine, qui est totalité aussi bien que transcendance, englobe tous les aspects divins possibles, y compris le monde avec ses innombrables réfractions individualisées du Soi.
(...)
Le Nom Allâh, qui est la quintessence de toutes les formules koraniques possibles, comporte deux syllabes reliées par le lam redoublé ; celui-ci est comme la mort corporelle qui précède l’au-delà et la résurrection, ou comme la mort spirituelle qui inaugure l’illumination et la sainteté, et cette analogie se laisse étendre à l’Univers, en un sens soit ontologique soit cyclique : entre deux degré de réalité, qu’on les envisage sous le rapport de leur enchaînement ou, le cas échéant, sous celui de leur succession, il y a toujours une sorte d’extinction(1) ; c’est ce qu’exprime également le mot illâh (« si ce n’est ») dans le Shahâdah.

La première syllabe du Nom se réfère, suivant une interprétation qui s’impose, au monde et à la vie en tant que manifestations divines, et la seconde à Dieu et à l’au-delà ou à l’immortalité ; alors que le Nom commence par une sorte de hiatus entre le silence et l’élocution (la hamzah), telle une création ex nihilo, il se termine par le souffle illimité qui débouche symboliquement sur l’Infini, – c’est-à-dire que le hâ final marque la « Non-Dualité » surontologique, – et cela indique qu’il n’y a pas de symétrie entre le néant initial des choses et le Non-Être transcendant. Le Nom Allâh embrasse donc tout ce qui « est », de l’Absolu jusqu’au moindre grain de poussière, tandis que le Nom Hua, « Lui », qui « personnifie » le hâ final, indique l’Absolu comme tel, dans son ineffable transcendance et dans son inviolable mystère.

(1) Dans la prière canonique de l’Islam, laquelle comporte des phases d’abaissement et de relèvement, – ou plus précisément d’inclinaison et de redressement, puis de prosternation et de repos, – les premières se réfèrent à la mort ou à l’ « extinction », et les secondes à la résurrection ou à l’immortalité, la « permanence » ; le passage d’une phase à l’autre est marqué par le takbîr : « Dieu est plus grand » (Allâhu akbar). (pp. 69 & 146-147)
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