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Citation de Alzie


Traitant des mots dans la peinture (Skira, 1969) et de leur signification, Michel Butor propose pour origine au tableau "L'Art de la conversation" (1950) le vers de Baudelaire : "Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre" ; ainsi commence le poème XVII des Fleurs du mal, intitulé "La Beauté". L'oeuvre de Magritte, selon Butor, est une "conversation" entre le peintre et Baudelaire. L'entretien du peintre avec le poète avait commencé bien avant 1950. Dès 1931, un tableau intitulé "La Géante" rappelle le poème XIX des Fleurs du mal. Réduit de façon imaginaire à la taille enfantine, le poète évoque son désir de se lover au creux poplité d'une femme géante ; il souhaite : "Parcourir à loisir ses magnifiques formes ; / Ramper sur le versant de ses genoux énormes."
Pour son tableau, Magritte retient la disproportion évoquée par Baudelaire : une femme nue dépasse en taille la porte d'une pièce vide et close, tandis que l'homme, bourgeoisement vêtu, n'atteint pas la hauteur des lambris. Lui, nous tourne le dos ; elle, nous regarde : aucun contact entre les deux n'est prévisible, alors que le poème de Baudelaire évoque au-delà de la complicité des deux corps une fusion de l'être et de la nature par l'intermédiaire d'une figure maternelle. La notion de communion est visuellement absente du tableau de Magritte. Cette transformation est, en partie, glosée dans le panneau latéral, à droite de l'oeuvre ; Magritte y a calligraphié un sonnet qu'il intitule, à son tour, "La Géante", et qu'il signe du nom de Baudelaire. [...] (p.26)
Une grande illusion, Baudelaire et Poe, Jean Roudaut
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