Non seulement le jeune Daguerre avait le don inné de cette grande peinture à effet, qui est le propre des décorateurs de théâtre, mais il savait aborder et résoudre avec habileté les problèmes mécaniques de la mise en scène. Il substitua aux châssis mobiles des coulisses, de grandes toiles de fond, où pouvait se représenter tout un paysage, tout un vaste panorama. Mais non content de produire une peinture énergique, pleine de vigueur, il eut l'idée de lui donner une valeur complètement inconnue jusqu'alors en ayant recours aux précieuses ressources d'un puissant éclairage. Ses premiers essais eurent un succès inattendu. Da guerre, d'élève passa maître. Le rapin d'hier allait devenir l'élu de la vogue parisienne.
On a souvent calomnié les alchimistes. S'il est vrai qu'il y eût parmi les adeptes de l'art sacré, bien des charlatans et des empiriques, il ne faut pas oublier qu'un , grand nombre de savants du moyen âge, infatigables chercheurs, étaient vraiment épris de leur art ; ils le cultivaient sinon avec méthode, du moins avec une invincible persévérance. C'est l'un de ces laborieux artisans qui produisit pour la première fois le chlorure d'argent ; il reconnut la propriété essentielle que possède cette substance de noircir sous l'action de la lumière. Ce disciple d'Hermès se nommait Fabricius.
Dans les premières années de notre siècle, il y avait à Paris un décorateur nommé Degotti , qui peignait avec art les plus belles toiles du grand Opéra, Son atelier était célèbre, le maître y produisait pour son époque de véritables merveilles ; il initiait à son art, de nombreux élèves, qui se sentaient attirés par leurs dispositions naturelles plutôt vers l'indépendance de la couleur , et la liberté du pinceau, que dans le sein de l'école académique. Un jeune homme parmi ces adeptes de Degotti, s'était vite signalé par de rares capacités ;il brossait les toiles avec la fougue d'un artiste véritablement épris des grands effets de la peinture. Ce jeune débutant se nommait Daguerre.
Bernard Palissy disait jadis qu’il ne voulait point avoir a d’autre livre que le ciel et la terre » et « qu’il est donné à tous de connaître et de lire ce beau livre ». Le grand écrivain exprimait ainsi l’importance de l’observation dans les sciences naturelles.
C’est en effet par l’étude du monde matériel que souvent les découvertes s’accomplissent. Qu’un observateur attentif suive un rayon lumineux quand il pénètre dans l’eau, il le verra se dévier de la ligne droite par la réfraction ; qu’il cherche l’origine d’un son, il découvrira qu’il résulte d’un choc ou d’une vibration : voilà la physique à son berceau.
M. Nadar a essayé jadis à plusieurs reprises de faire des photographies en ballon, et il a obtenu des résultats encourageants, dans la nacelle du ballon captif de M. Giffard, installé à l'Hippodrome en 1868; la vue prise montrait au loin l'Arc de Triomphe et les avenues qui s'y rencontrent; mais la netteté de l'épreuve laissait à désirer. Dix ans après, M. Dagron essaya de prendre le panorama de Paris dans la nacelle du ballon captif de 1878, à 500 m d'altitude.
Un bon aérostat captif et un bon appareil photographique à objectif renversé, disait-il, voilà mes seules armes. Plus de triangulation préalable, péniblement échafaudée sur un amas de formules trigonométriques ; plus d'instruments douteux, planchettes, boussoles, alidades et graphomètres ; plus de chaînes de galériens entraînera travers les vallées, les terres labourées, les vignes, les marais !...