Dernière veillée
Comme tes tempes sont sombres
Et si lourdes sont tes mains.
Tu es déjà très loin
Et tu ne peux plus m'entendre.
Sous la flamme vacillante
Te voici triste et si vieille
Tes lèvres cruellement
Serrées roides à jamais.
Demain déjà ce sera
Le silence, peut-être encore
Le frottement des couronnes
Dans un air de pourriture.
Les nuits pourtant chaque année
Seront de plus en plus vides.
Ici, où posait ta tête, où ton souffle
Était léger toujours.
Malgré toutes les attaques par lesquelles il me faut encore passer, je suis maintenant bien plus heureux que les précédentes années. Car j'ai appris à voir sans désirer, à simplement regarder. Alors que j'avais peut-être dix-sept ans, j'espérais le bonheur, quelque chose de lointain, d'inexistant, une chimère. Maintenant que j'en ai vingt-trois, j'ai appris à compter avec les choses, à m'en tenir à leur nudité et à leur folie, et à entrevoir en tout une nouvelle beauté. Naturellement ce n'est pas encore le sommet, mais ce sont les fondements.