Nous vivons, comme dans une ménagerie, dans des cages et des volières. Les lions désapprennent à rugir, les aigles à voler et les rossignols à chanter. La moitié de notre vie s'écoule à réaliser un travail sans valeur tandis que nous négligeons nos aspirations. Les titans deviennent des philistins, et les divines houris de vieilles filles hystériques. La bonne morale a fait de nous des êtres pitoyables, de délicats pédants, de vrais pingres qui conservent leurs trésors jusqu'à ce qu'ils finissent rouillés et moisis. L'on radote comme le roi Salomon à soixante-dix ans, et croyons-nous avoir dit ou fait une chose neuve, ce n'était en vérité qu'un vieux truc déjà vu que les Grecs avaient plus joliment dit et fait, qui se trouvait déjà chez Homère, à portée de tout élève de troisième.
Hélas, nous sentons le café, la laine, les vieux livres et les dossiers poussiéreux — mais pas l'être humain ! Nous faisons de beaux sacripants. Si les anciens dieux vivent encore, ils se moqueront joliment de nous en voyant que nous ne sommes devenus, malgré toute notre sagacité, toute notre intelligence, que de décents épiciers, de dociles tâcherons.
Je ne sais, et te sais pourtant gré, Mère Nature, outre tes incandescentes éruptions de volcans vers le ciel et tes falaises surmontées de sapins si magnifiquement recouverts d'étincelante neige, d'avoir créé les roses et les lys, et je t'aime parce que tu es si gracieuse et si envoûtante, du haut des cieux éternels, là-haut dans le bleu de l'infini, jusqu'ici-bas dans les pointes de pied d'une belle femme.
Là où il y a de l'argent, le diable s'y trouve aussi ; mais là où il n'y en a pas, il y est deux fois.
Un duel à l'heureuse issue confère à l'homme un attrait tout particulier. Je recommande à tout un chacun de se faire tirer dessus au pistolet à quatorze pas de distance au moins une fois dans sa vie. En voilà une chose excellente.
D'étranges oiseaux vécurent ici-bas : depuis Adam jusqu'à Henri Heine. Adam naquit au paradis, c'était un homme ; Heine vit le jour à Düsseldorf, c'est un dieu — puisque poète.