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Citation de VALENTYNE


Accablé d’avoir un père trop jeune pour avoir participé à la Seconde Guerre mondiale, Will compensa en devenant un expert de la bataille d’Angleterre. Il apprit à connaître par cœur tous les avions de la Luftwaffe et tous les grands combats aériens. Il construisit ses propres maquettes en plastique et les suspendit dans sa chambre. Il se plongea dans des illustrés où foisonnaient des personnages de militaires haut en couleur : ils disposaient des Boches et des Nippons par quelques coups de pied et de poing bien placés et détruisaient les puissances de l’Axe avec un bel esprit de courage et de camaraderie. Dans ces bandes dessinées, Hitler n’était qu’une andouille entourée de béni-oui-oui à l’accent cocasse et aux saluts ridicules. On pouvait trouver la vie de Hitler dans une douzaine de livres de la bibliothèque de l’école. Will apprit même la taille de son chapeau et de ses chaussures.
« Selon certains, déclara Digley, il est encore vivant et il habite en Argentine.
– Moi, je crois qu’il est mort, dit Will. Il a avalé une pilule pour se suicider.
– Mon père et Hitler ont la même taille de pantalon, expliqua Ayers. S’il est vivant, j’irai le chercher là où il est quand je serai un peu plus grand. Je lui volerai son pantalon pour mon père, et lui, je le réduirai en miettes.
– Il sera déjà mort de vieillesse, fit Digley.
– Alors, il faudra que je tue sa famille et ses animaux, répliqua Ayers.
– Pas ses chats ! protesta Digley. Les chats sont des créatures innocentes. »
Digley et Ayers emmenèrent Will à travers les champs de blé jusqu’aux abords du village. Là, ils grimpèrent sur les plateformes en béton décrépites qui avaient abrité les canons antiaériens censés abattre les avions allemands. Presque vingt ans s’étaient écoulés depuis l’armistice du 8 mai 1945, mais la Seconde Guerre mondiale était encore omniprésente.
Un jour, Julia invita Will à venir regarder la télévision. « N’oublie jamais ça, chuchota-t-elle. C’est l’Histoire. »
Sur un écran de la taille d’une soucoupe, Will regarda les images floues d’un carrosse tiré par des chevaux : il traversait Londres à la tête d’une procession solennelle. C’étaient les funérailles de Winston Churchill retransmises par la BBC. Will était assez âgé pour avoir peur de la mort, et l’équipage noir vint habiter ses cauchemars. Le Chinois de Minuit, s’emparait des rênes et, quand il faisait claquer son fouet, les yeux des chevaux brillaient comme des braises, tandis que des volutes de vapeur sortaient de leur naseaux.
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