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Citation de Partemps


Né à Corabia (Roumanie) en 1942 – mort à Bucarest en 1984.
Quatre livres ont été publiés de son vivant : Vers (1968), fragments de la région de jadis (1970), il se fera silence il se fera soir (1979), guillaume le poète et l’administrateur (1983).
Le volume de 1979, conçu comme une véritable somme personnelle par l’auteur, présente dans sa première section une copieuse série de poèmes inédits avant de reprendre, dans l’ordre inverse de leur publication, les deux recueils précédents – en les corrigeant parfois, toujours dans le sens de la densité et de la concision.

Le ton adopté par Virgil Mazilescu au sein des « lettres roumaines », sa façon d’inclure dans un seul souffle, dans une même « musique », des matériaux apparemment hétérogènes, détone dans le contexte de son époque. Chez lui, la voix, singulière, prime sur le discours ou sur les images. Ces dernières perlent éventuellement au fil des mots, prises dans un tissu serré et dense, captives toujours d’une épaisseur langagière.
La parole de Mazilescu se donne en effet avant tout à percevoir comme la « parole d’un seul », voire d’un isolé ou d’un original. La subversion, ou la provocation, tient toutefois peut-être moins au choix d’une étrangeté généralisée (liée à la perte des repères syntaxiques ou sémantiques) qu’à l’inflexion intensément personnelle, toujours subjective, orientée, que Mazilescu sait imprimer à cette parole en déséquilibre, par-delà, donc, ses bizarreries de surface. Il existe une boussole : elle incline la parole dans une direction perceptible et inconfondable. Les mots semblent courser un sens en fuite, débordés de références à la fois intra-linguistiques et littéraires. Mais l’angle de vue est toujours existentiel, situé dans l’émotion. On ne perd jamais de vue que quelqu’un tient un fil.
Cette poésie, comme « en perte », frayant souvent chemin à travers le peu et le rien, consciente toujours de sa fragilité, de ses limites, travaille en-langue et dans la profondeur irréductible, idiomatique, de cette langue même.
Comme Nichita Stănescu, Mazilescu établit une étrange adéquation entre l’émotion qui étrangle, empêche les mots et littéralement les interdit, et cet autre étranglement (de goulot) constitué par une langue à la fois entièrement commune dans sa texture et tout à fait particulière dans ses agencements.
Parce qu’il conçoit le plus « monadique », le plus particulier, comme le vecteur d’une paradoxale ouverture vers le commun ou vers le général, Mazilescu rejoint, sur ce point au moins, une intuition fondamentale de son aîné.

Il écrivait, en 1971, dans un article intitulé Le découpage de l’espace en noir et blanc : « Voilà ce qu’il me plaît de croire au sujet de la photographie : bien plus que la surprise, que la copie d’une séquence qui serait dès l’origine belle en soi, c’est bien l’interprétation, le sous-texte lyrique, je veux dire l’intention qui a présidé au geste purement technique, qui peut aboutir à des réalisations dignes d’intérêt, à la sphère de l’art en ultime instance. »
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