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EAN : 9782826307495
1103 pages
NAGEL (30/11/-1)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Une édition bilingue par un collectif de traducteurs et un "Propos sur la poésie" par George Macovescu.
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Que lire après Anthologie de la poésie roumaineVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Là, je ne vais pas faire l'histoire de la poésie roumaine : il s'agit d'une anthologie de plus de mille pages, avec les auteurs suivants (73) : Costache Conachi, Anton Pann, Ion Heliade Rădulescu, Grigore Alexandrescu, Vasile Alecsandri, Dimitrie Bolintineanu, Mihai Eminescu, Alexandru Macedonski, George Coșbuc, Dimitrie Anghel, Ștefan Octavian Iosif, Tudor Arghezi, Octavian Goga, George Bacovia, Ion Minulescu, Vasile Voiculescu, Matei Caragiale, George Topârceanu, Victor Eftimiu, Ion Pillat, Adrian Maniu, Demostene Botez, Ion Barbu, Lucian Blaga, Ion Vinea, Tristan Tzara, Benjamin Fondane, George Călinescu, Alexandru Philippide, Zaharia Stancu, Ilarie Voronca, Ștefan Roll, Radu Boureanu, Emil Giurgica, Mihai Beniuc, Geo Bogza, Jozsef Meliusz, Virgil Teodorescu, Miron Radu Paraschivescu, Eugen Jebeleanu, Wolf Aichelburg, Emil Botta, Maria Banuș, Gellu Naum, Magda Isanos, Dimitrie Stelaru, Constant Tonegaru, Radu Stanca, Geo Dumitrescu, Ștefan Augustin Doinaș, Ion Caraion, Nina Cassian, A. E. Baconsky, Leonid Dimov, Ion Horea, Ion Brad, Al. Andrițoiu, Vasile Nicolescu, Aurei Rău, Mircea Ivănescu, Grigore Hagiu, Nichita Stănescu, Ion Gheorghe, Nicolae Labiș, Gheorghe Tomozei, Marin Sorescu, Cezar Baltag, Emil Brumaru, Ileana Mălăncioiu, Ion Alexandru, Ana Blandiana, Constanța Buzea, Adrian Păunescu, Mircea Dinescu.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Adrian Păunescu, [Noi suntem muzeul]

NOUS SOMMES LE MUSÉE...

Nous sommes le musée qui n’est plus suffisant
en lequel un peintre travaille avec du sang
plein de tableaux brumeux, de bustes aberrants.

C’est ainsi que de tant de courants et de zones
une main sans répit peint et peint des madones
des enfants dans les bras, gentiment monotones.

Et quand, pour ses raisons, le peintre a trépassé,
nous tous autant qu’on est, ses tableaux barbouillés,
le portons encadré et allons l’enterrer.

Sous les nuages des mondes, leur trouble halo,
c’est alors à travers le musée sans échos
un amour déchaîné de bustes et tableaux.

Au suivant ! Accouchons du peintre qui sans cesse
de sa main éveillée écrive avec tendresse
des musées respirant l’effroi et la tristesse.

Derechef au musée qui n’est plus suffisant
ce sont tableaux brumeux et bustes aberrants
que travaille un peintre. Sous la brume de sang.

(traduction de Aurel George Boeşteanu)
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il se fera silence il se fera soir (1979)


Virgil Mazilescu

préface

et depuis que j’ai inventé la poésie dans une chambre clandestine depuis la toute profondeur des terres stériles – le courage et le pouvoir (humain) se sont dissous comme buée

outre ce fait – que je suis né et que je vis et que je mourrai probablement dans la crainte et dans le tremblement (chose au demeurant que j’aurais voulu dire aussi voilà deux ou trois ans) je n’ai hélas pour l’heure plus rien à dire

je reprends à mon compte par conséquent la vieille langue : commençant précisément au moment présent je la tords je la caresse je la bats jusqu’à plus soif, mais les syntagmes insolites dans lesquels (à ce qu’on dit) dormirait mon âme comme dans une tanière perdue ceux-là ne me tentent plus les doigts graciles qui creuseront canaux à travers bois et y retourneront encore et encore petit à petit ils entreront en pourriture ? les doigts graciles ne me tourmentent plus

dans les yeux de celui qui regarde et regarde sans nous voir
dans le voyage comme un fouet d’airain comme la longue trompe d’un buccin
dans la déposition comme un battement d’aile comme une fumée au-dessus de la maison
dans le goût dans le toucher de cet acte insondable prends pitié
prends pitié de moi ô ! nuit
dans la nuit sereine et dans la fosse pâle pleine de détritus
dans tout ce qui marche en avant ô ! nuit

comme certains savent présenter les choses de façon claire – même
celles d’importance beaucoup moindre eux réussissent en vérité
à nous les rendre intelligibles et très très chères
de telle sorte qu’en leur présence le tout (comme on a coutume de dire) touche
à l’auréole de la sérénité – ce sont la fierté et le miroir du monde

et d’autres qui confondent la fleur de cactus avec la piqûre des jours pluvieux d’autres
qui nous croisent parfois dans la rue sans reconnaître leurs amis
et qui marmonnent bonjour bonjour bonsoir quand ils entrent
dans un débit de tabac pour s’acheter des ampoules électriques mon dieu
etc. mon dieu etc. eux sont notre honte et notre terreur
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Né à Corabia (Roumanie) en 1942 – mort à Bucarest en 1984.
Quatre livres ont été publiés de son vivant : Vers (1968), fragments de la région de jadis (1970), il se fera silence il se fera soir (1979), guillaume le poète et l’administrateur (1983).
Le volume de 1979, conçu comme une véritable somme personnelle par l’auteur, présente dans sa première section une copieuse série de poèmes inédits avant de reprendre, dans l’ordre inverse de leur publication, les deux recueils précédents – en les corrigeant parfois, toujours dans le sens de la densité et de la concision.

Le ton adopté par Virgil Mazilescu au sein des « lettres roumaines », sa façon d’inclure dans un seul souffle, dans une même « musique », des matériaux apparemment hétérogènes, détone dans le contexte de son époque. Chez lui, la voix, singulière, prime sur le discours ou sur les images. Ces dernières perlent éventuellement au fil des mots, prises dans un tissu serré et dense, captives toujours d’une épaisseur langagière.
La parole de Mazilescu se donne en effet avant tout à percevoir comme la « parole d’un seul », voire d’un isolé ou d’un original. La subversion, ou la provocation, tient toutefois peut-être moins au choix d’une étrangeté généralisée (liée à la perte des repères syntaxiques ou sémantiques) qu’à l’inflexion intensément personnelle, toujours subjective, orientée, que Mazilescu sait imprimer à cette parole en déséquilibre, par-delà, donc, ses bizarreries de surface. Il existe une boussole : elle incline la parole dans une direction perceptible et inconfondable. Les mots semblent courser un sens en fuite, débordés de références à la fois intra-linguistiques et littéraires. Mais l’angle de vue est toujours existentiel, situé dans l’émotion. On ne perd jamais de vue que quelqu’un tient un fil.
Cette poésie, comme « en perte », frayant souvent chemin à travers le peu et le rien, consciente toujours de sa fragilité, de ses limites, travaille en-langue et dans la profondeur irréductible, idiomatique, de cette langue même.
Comme Nichita Stănescu, Mazilescu établit une étrange adéquation entre l’émotion qui étrangle, empêche les mots et littéralement les interdit, et cet autre étranglement (de goulot) constitué par une langue à la fois entièrement commune dans sa texture et tout à fait particulière dans ses agencements.
Parce qu’il conçoit le plus « monadique », le plus particulier, comme le vecteur d’une paradoxale ouverture vers le commun ou vers le général, Mazilescu rejoint, sur ce point au moins, une intuition fondamentale de son aîné.

Il écrivait, en 1971, dans un article intitulé Le découpage de l’espace en noir et blanc : « Voilà ce qu’il me plaît de croire au sujet de la photographie : bien plus que la surprise, que la copie d’une séquence qui serait dès l’origine belle en soi, c’est bien l’interprétation, le sous-texte lyrique, je veux dire l’intention qui a présidé au geste purement technique, qui peut aboutir à des réalisations dignes d’intérêt, à la sphère de l’art en ultime instance. »
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Nicolae Labiș, Confessions (fragments)

Combien je me sens large, avide et jamais plein !
Je bois avec mes yeux, mon ouïe, en cachette
Le Monde, inassouvi autant que face au vin
en perlant ma moustache au riz des gouttelettes.

J'ai amassé en moi, pelote, maints chemins,
Des tam-tams de sabots en moi sonnent et errent
Mais j'ai soif de départ et j'appelle sans fin
Les blancs rubans poudrés de lunaire poussière.
(...)
Je fus ruche d'appétits et de miel,
Je ployais un genou vers les astres du ciel,
Les pensers et les mains soulevaient le silence,
Une dense mélancolie et la puissance
Vers le visage multiple qui me dispense
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Non, jamais l’automne...



Non, jamais l’automne n’a été aussi beau
À notre âme avide d’une mort qui soulage.
La plaine est couverte d’or et soie à nouveau,
Et les arbres tissent des brocarts aux nuages.
Les maisons amassées, cruches sans pareilles,
Aux panses remplies d’un vin gros et très fort,
Sont là sur la rive du fleuve de soleil,
À la vase duquel nous avons bu tant d’or.

Les oiseaux noirâtres filent vers l’occident
Comme la feuille malade du charme dur
Qui vite se dépouille, bien haut secouant
Ses feuilles dans l’azur...

Qui pleurer désire, qui veut se lamenter,
S’en vienne et écoute cet appel incompris,
Fixe la céleste torche des peupliers,
Et enterre son ombre dans leur ombre, ici !


//Tudor Arghezi (1850 – 1889)

/ Traduit du roumain par Aurel Georges Boeșteanu
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