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Citation de Partemps


il se fera silence il se fera soir (1979)


Virgil Mazilescu

préface

et depuis que j’ai inventé la poésie dans une chambre clandestine depuis la toute profondeur des terres stériles – le courage et le pouvoir (humain) se sont dissous comme buée

outre ce fait – que je suis né et que je vis et que je mourrai probablement dans la crainte et dans le tremblement (chose au demeurant que j’aurais voulu dire aussi voilà deux ou trois ans) je n’ai hélas pour l’heure plus rien à dire

je reprends à mon compte par conséquent la vieille langue : commençant précisément au moment présent je la tords je la caresse je la bats jusqu’à plus soif, mais les syntagmes insolites dans lesquels (à ce qu’on dit) dormirait mon âme comme dans une tanière perdue ceux-là ne me tentent plus les doigts graciles qui creuseront canaux à travers bois et y retourneront encore et encore petit à petit ils entreront en pourriture ? les doigts graciles ne me tourmentent plus

dans les yeux de celui qui regarde et regarde sans nous voir
dans le voyage comme un fouet d’airain comme la longue trompe d’un buccin
dans la déposition comme un battement d’aile comme une fumée au-dessus de la maison
dans le goût dans le toucher de cet acte insondable prends pitié
prends pitié de moi ô ! nuit
dans la nuit sereine et dans la fosse pâle pleine de détritus
dans tout ce qui marche en avant ô ! nuit

comme certains savent présenter les choses de façon claire – même
celles d’importance beaucoup moindre eux réussissent en vérité
à nous les rendre intelligibles et très très chères
de telle sorte qu’en leur présence le tout (comme on a coutume de dire) touche
à l’auréole de la sérénité – ce sont la fierté et le miroir du monde

et d’autres qui confondent la fleur de cactus avec la piqûre des jours pluvieux d’autres
qui nous croisent parfois dans la rue sans reconnaître leurs amis
et qui marmonnent bonjour bonjour bonsoir quand ils entrent
dans un débit de tabac pour s’acheter des ampoules électriques mon dieu
etc. mon dieu etc. eux sont notre honte et notre terreur
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