Comme Paul Féval, autre breton bretonnant, Gustave-Toudouze, écrivain estimable en son temps, eut un fils qui continue à exploiter la renommée paternelle. On a mis sur la couverture de ce volume une photographie représentant un scaphandre dernier modèle sur le point de plonger, et qui fait songer aux exploits récents de l’Artiglio. Bien entendu, c'est une vaste blague : à l'intérieur du volume il n'est question ni de scaphandriers, ni de trésors enfouis dans la vase. Les imbéciles qui auront acheté le bouquin sur la foi du dessin de couverture seront punis de leur bêtise une fois de plus, et ce sera bien fait. Mais les amateurs de bretonneries seront bien servis. Il y a un héros qui s'appelle Yves Pleven, avec une fiancée qui s'appelle Guillemette de Kernuz, et des couchers de soleil sur la lande, et des rochers écumants, et des ajoncs, et tout ce qui s'ensuit. Il y a aussi un traître et une traîtresse, un soi-disant comte d’Izan et sa fille, qui se prétendent capables d'extraire l'or tenu en suspension dans l'eau de la mer. Mais c'est de la frime, tout comma le dessin de couverture, et on s'apercevra, à la fin, que le soi-disant alchimiste moderne n'est qu'un vulgaire faux-monnayeur. Ce feuilleton copieux, et d'ailleurs consciencieux, quoique démodé, serait ennuyeux à se décrocher la mâchoire s'il n'y avait, vers la fin, le récit d'un crêpage de chignon magistral entre la petite bretonne Guillemette et la fille du comte-traître, laquelle se prénomme Raymonde, comme Madame Machart. Tout le reste n'est qu'un pâté littéraire qui aurait pu avoir du succès, il y a 30 ou 40 ans, servi en tranches aux lecteurs de la Petite République, mais qu'il n'y avait absolument aucune raison raisonnable d'imprimer en 1932.
Régis Messac
Les Primaires, n° 34, oct. 1932
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