AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de dourvach


- Vladimir !...
Elle s'efforçait de rire. Elle s'efforçait aussi de reculer, mais elle était arrêtée par le dossier de la chaise longue.
- Qu'est-ce que tu as ?... Qu'est-ce que je t'ai fait ?...
Il était tout près, encore plus près, et soudain il faisait un mouvement brusque, saisissait le cou de Jeanne Papelier entre ses mains fébriles.
Il n'y eut pas un cri. Seulement un petit bruit ridicule, comme si elle eût été sur le point de vomir. Il dut détourner la tête, car elle le regardait avec des yeux qui commençaient à sortir des orbites et il avait horreur de la douleur physique.
Il tremblait de tous ses membres. La panique lui montait à la gorge. Ce qui lui faisait le plus mal, c'était l'idée qu'elle souffrait et il se demandait combien de temps elle mettrait à mourir.
Les jambes remuaient convulsivement, même la jambe à la gouttière. Vladimir ne sentait plus ses doigts. Ses pouces s'endolorissaient et il lâcha prise.
Mais alors, après une seconde d'immobilité, la tête bougea encore et, affolé à l'idée que Jeanne allait souffrir à nouveau, il prit un siphon sur la table, en frappa un coup violent sur les cheveux décolorés.
Le siphon ne cassa pas ! Vladimir respira profondément, repoussa la bouteille qui le tentait, se dirigea enfin en zigzaguant vers l'escalier.

[Georges SIMENON, "Chemin sans issue", chapitre VIII -- Gallimard (Paris) 1937, réédition collection "folio", pages 164-165]
Commenter  J’apprécie          130





Ont apprécié cette citation (9)voir plus




{* *}