Georges Simenon

La disparition d'Odile :

Bob s'était levé à sept heures, comme d'habitude. Il n'avait pas besoin d'un réveille-matin. Ils étaient deux dans la maison à avoir leur temps réglé comme un mouvement d'horlogerie.
A cette heure-ci, son père, qui se levait beaucoup plus tôt que lui, avait terminé sa toilette et devait, dans la salle à manger, boire son énorme tasse de café qui lui servait de petit déjeuner avant d'aller faire sa promenade matinale.
Quand Bob ouvrit les rideaux, le soleil entra brusquement dans sa chambre et le disque lumineux, qui changeait de place selon les saisons, frémissait sur le miroir.
On était fin septembre et, depuis le début du mois, il n'était pas tombé une goutte de pluie. Le ciel n'ait même pas été couvert, sauf pour quelques nuages clairs qui glissaient lentement sur le fond bleu comme des voiles sur la mer.
Il s'était rasé, puis avait pris une douche rapide. A sept heures et demie, il était descendu. Il n'y avait personne dans la salle à manger. Son couvert était mis, ainsi que celui de sa sœur, mais Odile ne se levait que beaucoup plus tard. Plus tard aussi, vers onze heures, leur mère se ferait monter son petit déjeuner.
Il entra dans la cuisine.
- Tu me prépares vite deux toasts à la marmelade d'oranges, Mathilde ?