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Bibliographie de Géraldine Watremez   (1)Voir plus

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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
Toute sa mémoire était là, rangée dans le bon ordre. Toutes les pièces du puzzle avaient repris leurs places. Et cette ombre qui la suivait depuis de nombreuses années avait disparu. Elle n’avait plus à craindre qu’elle surgisse de nulle part pour venir l’engloutir dans ses ténèbres. Elle se souvenait désormais parfaitement des nombreux combats qu’elle menait contre elle-même pendant la maladie. Quand, au milieu d’un repas entre amis, alors qu’elle était toute à la discussion, alerte et joyeuse, elle sentait la confusion se frayer un chemin dans ses pensées. Brouillant les conversations, déformant la réalité. Le changement était invisible de l’extérieur, mais elle sentait son visage se creuser sous les efforts de concentration. Elle pouvait plisser le front et serrer les mâchoires tant qu’elle voulait, essayer de mettre de la logique dans ses gestes et ses paroles, venait toujours un moment où les regards autour d’elle se mettaient à changer eux aussi. Sous le coup de l’étonnement, de l’incompréhension au début, puis avec le temps, de l’agacement et de la lassitude. Car oui, il venait toujours un moment où elle perdait la bataille et disparaissait dans une brume épaisse. Venait toujours un moment où, Marie-Hélène, cessait d’être elle-même pour devenir un mélange hétéroclite de tout ce qui la caractérisait. Un brouillon raturé, un texte à trou, un vase brisé. Elle revenait toujours à elle quelques minutes ou quelques heures plus tard, incapable de retrouver le moindre souvenir. Terrorisée par cette vie qu’elle perdait petit à petit.
Mais elle ne vivait plus en sursis désormais. Elle était là, en un seul morceau, et il fallait en profiter.
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• Qu’est ce que c’est que cette histoire ? chuchota Marie-Hélène.
Elle était plantée au milieu de la pièce, une main posée sur la hanche et penchée en avant pour s’approcher au plus près de son visage. Il se demandait si le but de la manœuvre était de s’assurer qu’il entende bien ce qu’elle avait à lui dire, ou si c’était plutôt pour lui permettre de lire la colère qui brûlait dans ses yeux. Beaucoup de gens l’ignoraient, mais sous ses airs d’épouse parfaite, douce et attentionnée, elle n’avait rien d’une femme d’intérieur soumise. Les petites attentions qu’elle lui réservait, n’étaient que le reflet de son amour pour lui, et non pas un devoir imposé par sa place dans la société. Si Richard savait apprécier à leurs justes valeurs ces petits gestes du quotidien, il savait aussi que ce qui l’attendait ce soir risquait d’être fort désagréable. Il décida d’être le plus honnête possible envers sa femme.
• Je ne voulais pas t’en parler pour ne pas t’effrayer inutilement, mais il existe des rumeurs autour du passé de la maison. C’est ce qui explique d’ailleurs que nous l’ayons obtenue à un bon prix.
• Quel genre de rumeurs ?
En réalité ce sont plutôt des faits que des rumeurs, ajouta Richard
(...)
Richard resta seul un instant, ressassant toute cette histoire. Il ressentait un certain soulagement d’avoir dit la vérité à sa femme. En tout cas la partie qui était connue de tous. Intérieurement il priait pour qu’elle n’apprenne pas l’autre vérité, celle qu’il était désormais le seul à détenir.
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Il poussa un soupir. Et continua de les dévorer du regard en se demandant combien de temps il lui restait. Deux, trois minutes grand maximum, avant de disparaître définitivement. La proposition l’avait surpris, mais il n’avait pas hésité un seul instant quand il avait fallu désigner la personne à qui il rendrait une dernière visite. Car il s’agissait bien là d’un adieu. Ce que sa fille ignorait à cet instant, c’était que son père venait de mourir. Et, avant qu’il ne démarre sa nouvelle vie, on lui avait fait une offre que personne n’aurait pu refuser. Il pourrait emprunter quelques minutes à la vie d’un autre pour revenir discrètement observer la personne de son choix avant le grand, et ultime, départ. Alors voilà où il en était : son âme transposée dans le corps d’un autre, sur un banc, dans un parc. On lui avait clairement expliqué que sa fille ne le reconnaîtrait pas, mais il ne pouvait s’empêcher de remarquer qu’elle jetait des regards furtifs dans sa direction.
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• Et vous n’auriez pas une photo de cette sublime demeure, histoire de nous rendre un peu plus jaloux !
• Si bien sûr ! Richard va chercher celles que l’agence immobilière nous a laissées s’il te plaît.
Une fois les tirages posés sur la table, les visages des deux invités se fermèrent brusquement.
• Oh mais nous la connaissons cette maison.
Gabrielle avait mobilisé toutes ses ressources pour prononcer cette phrase sur le ton le plus détaché qu’il lui était possible de prendre.
• C’est vrai ? s’enthousiasma Marie-Hélène qui n’avait pas perçu le trouble chez ses amis. Mais oui, suis-je bête ! Vous êtes originaires de par là-bas vous ! Ne me dites pas que cette maison était dans votre famille à une époque, je vous préviens, héritage ou pas, je ne vous la rendrai pas !
• Dieu merci non ! la réponse avait fusée toute seule de la bouche de Gérard.
Comment ça ? 
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Plus le ventre de Marie-Hélène s’arrondissait, plus ses traits à lui se creusaient. La situation devenait invivable et il était déterminé à faire table rase du passé d’ici la naissance. Un soir en sortant du travail, il s’était arrêté dans une librairie et avait acheté un cahier à spirale. Il l’avait enfoui, caché tout au fond de son attaché-case, comme si les pages vierges étaient déjà salies de ses aveux. Il lui restait deux mois avant l’accouchement, et d’ici-là il aurait tout écrit. Il se souvenait de la sensation de légèreté qu’il avait éprouvé après s’être confié à son ami. Elle avait été fugace, mais il s’était senti apaisé. Le poids des mots n’avait momentanément plus pesé sur sa poitrine. Alors peut être que de le noter noir sur blanc, de donner forme aux secrets, de les affronter physiquement, l’aiderait à tourner la page. Ensuite il brûlerait le cahier et tout aurait disparu.
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• Il est possible de descendre pour explorer cette jungle ?
Sa question fit naître un sourire presque moqueur sur le visage de Julia.
• Ca me semble très compliqué.
• Pourquoi ça ?
• Parce que ce paysage n’est pas vraiment là. Il n’existe que dans ton esprit.
La réponse abrupte le décontenança.
• C'est-à-dire ?
Adrien vivait une nouvelle déconvenue. Après avoir enfin trouvé un peu de réconfort dans ce nouveau monde, voilà qu’on lui annonçait que rien de tout cela n’était réel.
• Et bien ce qui existe en dehors des murs de notre « vaisseau », comme nous l’appelons, n’est que le fruit de ton imagination. Cela peut être n’importe quoi, c’est toi qui le crées spontanément, sans même y penser.
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Quand l’extrémité incandescente se transforma en mégot, Adrien ressentit une profonde amertume. Il observa longuement la chaleur et la lumière rougeâtre se réduire en un amas noir et froid. La gueule de bois qui suit l’éclat de l’ivresse, songea-t-il. À voir combien l’alcool et le tabac avaient manqué à ses compagnons, Adrien se demanda quels petits plaisirs étaient encore autorisés dans l’après, il n’avait eu l’occasion d’en goûter aucun. Il espérait secrètement que celui qu’il ressentait par sa main posée tout à côté de celle de Julia, soit encore permis de l’autre côté.
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Il voulait se souvenir encore un peu de sa femme, sa fille et ses petits enfants. Se remémorer la maison de la plage et le sourire de sa mère. Mais la règle était claire : on ne gardait rien de son ancienne vie. Ni connaissance, ni trait physique, aucun stigmate. Rien ? Non pas vraiment. Mais ça il était bien trop tôt pour que Monsieur Ronstand l’apprenne, ça viendrait un jour… comme pour les autres.
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