AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enkidu_


Dès la chute de Bagdad, les autorités américaines multiplient les erreurs dues à une impréparation politique et culturelle.

Tandis que Donald Rumsfeld se contente de protéger le ministère du Pétrole, Bagdad est le théâtre de dégradations et de pillages. Ceux-ci étaient en partie le fait des détenus de droit commun que Saddam Hussein avait libérés, à dessein, durant le conflit. Aucun couvre-feu ne fut décrété. L’insécurité urbaine fut constante pendant plusieurs semaines et les dégâts matériels ont été importants.

Sur les conseils d’Ahmed Chalabi, un chiite qui avait gagné à Washington la confiance des néoconservateurs, l’armée irakienne et la police – soit plus de 500 000 hommes – étaient renvoyés dans leurs foyers. La directrice du MI5 britannique, Eliza Manningham-Buller, demanda qu’on ne procède pas à une telle mesure. Paul Wolfowitz, probablement conseillé par Ahmed Chalabi, refusa, une bonne partie des officiers de l’armée irakienne étant sunnites (l’année suivante, les autorités américaines soupçonnèrent Ahmed Chalabi de travailler pour l’Iran).

De mai 2003 à juin 2004, Paul Bremer est désigné comme administrateur de l’Autorité provisoire de la coalition. Le fait que ce poste ait été créé indique qu’une période d’occupation venait d’être décidée puisqu’aucun gouvernement n’était formé, même pour une période transitoire. Or les Kurdes comme les chiites disposaient de cadres.

Par ailleurs, après le renvoi de l’armée, Paul Bremer fit savoir que tout membre du parti Baas (600 000 adhérents), quel que fût son échelon, ne pouvait faire partie de la future administration du pays. Le nombre des cadres supérieurs ne dépassant pas quelques dizaines de milliers, cela revenait à marginaliser les sunnites. Faute capitale.

Jamais un État anciennement communiste n’avait rejeté ainsi en bloc tous les membres du parti. En effet, devenir membre du parti, aux échelons inférieurs, était la garantie d’avoir un emploi. Cette mesure, en excluant les sunnites de l’échiquier politique au profit des chiites – que les sunnites considèrent comme hérétiques – et des Kurdes – qui n’étaient pas des Arabes et qu’ils avaient combattus depuis la création de l’Irak –, était intolérable pour eux. Les sunnites se percevaient comme les dirigeants légitimes depuis la période ottomane, durant celle du mandat britannique, puis de la royauté, enfin sous tous les régimes républicains suivants.
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}