Gérard Heuzé

Gérard Heuzé, sociologue, né en 1949, narre son périple à travers l'Iran en 1978 et en 1980, lors de la révolution iranienne. Il consacre également un passage à la rébellion Kurde.



Deux choses m'ont gênée : comme il ne mentionne pas les dates, à chaque chapitre, j'avais un peu du mal à me situer et j'aurais aimé savoir d'un point de vue temporel à quel moment nous étions ; j'ai souvent utilisé la chronologie à la fin du livre pour essayer de me repérer dans le temps par rapport à ce qu'il décrivait.

De plus je n'ai rien visualisé en lisant son livre à savoir que je n'arrivais pas à me représenter les gens, les villes ; en fait les descriptions de l'environnement sont plutôt sommaires et même s'il utilise assez souvent les couleurs (les tulipes rouges, les murs jaunes, le tapis rouge, l'homme à l'uniforme bleu....) je n'avais aucune image en tête ; un peu comme si je voyais une ville sans arbre, sans voiture, sans homme ni femme. Très étrange impression.



Malgré cela j'ai beaucoup aimé ce livre que j'ai lu comme un roman et en le fermant, j'ai eu un pincement au coeur, comme si j'avais accompagné l'auteur et que j'étais triste de laisser en plan toutes les personnes rencontrées en se demandant si je les reverrais un jour.

A travers ce récit, j'ai eu de la compassion pour ce peuple et encore une fois, les hommes ne sont ni tout blancs, ni tout noirs et de lire un tel livre des années après ce qui s'est passé permet de remettre les pendules à l'heure. Malheureusement, lors de tels bouleversements, il n'est pas question d'avoir du recul, de faire un pas en arrière pour examiner la situation et agir mais plutôt de se laisser embarquer par le flot du changement. Quant à l'image que j'avais jusqu'à présent du Chah, elle fut bien écornée : il faut dire que j'étais très jeune lorsque la révolution iranienne a eu lieu mais soit j'ai déformé ce que j'ai pu lire par la suite, soit un parti-pris a eu lieu (et j'opterais plutôt pour la seconde proposition).

Je me suis aussi demandée s'il avait eu des nouvelles des hommes et femmes qui avaient jalonné son voyage.

Ce livre, qui n'apparaît dans pratiquement aucune bibliographie sur le pays, est une sorte de journal de bord des journées insurrectionnelles des derniers mois du Shah (novembre 78 - janvier 79) perçues par un jeune post-étudiant de 28 ans, sociologue qui deviendra par la suite spécialiste du monde ouvrier indien au CNRS.

C'est magnifiquement écrit, et fait une sorte de contrepoint 25 ans plus tard à l'Iran décrite par Nicolas Bouvier en 1954. Kapuscinski est souvent mentionné, à raison ; mais ce livre injustement oublié est largement aussi bon.