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Citation de Cielvariable


Logiquement, ces villageois auraient dû être comblés de joie par l’annonce de ce mariage, tant il est vrai qu’ils s’étaient attachés à la jeune Azalaïs, la fille d’Aurore et du capitaine de la Montezane. Cette enfant-là avait beau être l’héritière d’une délicate sauvageonne et du plus orgueilleux des navigateurs, elle était toujours demeurée modeste. Toute gamine déjà, elle adressait le même sourire lumineux aux riches éleveurs de chevaux comme aux plus modestes des planteurs de riz.

De plus, comme elle avait eu le malheur de perdre sa mère alors qu’elle était âgée d’à peine trois semaines, les dames de Saint-Trophime avaient pris l’habitude de l’accueillir chez elles, lorsque son capitaine de père la laissait seule pour se rendre à Marseille guetter le retour de ses navires ou surveiller la vente de ses cargaisons. Azalaïs avait ainsi grandi à la chaleur de tous les foyers, elle était allée ramasser avec les enfants des coquillages sur la grève, entre mer et marais, et à leur table elle avait dégusté le catigot d’anguille comme le cuisinaient les pauvres gens de la région. Elle avait retenu avec vivacité tout ce qu’on avait jugé bon de lui apprendre, de sorte que tous à Saint-Trophime la considéraient à peu près comme leur fille ou leur sœur.

Pourtant, aucun d’entre eux ne se serait risqué à oublier qu’elle était l’héritière du capitaine de la Montezane et qu’à ce titre, ils lui devaient le respect. Les mères de famille le rappelaient parfois aux aînés de leurs garçons, pour qu’ils ne s’entretiennent pas d’illusions et qu’ils ne rêvent pas trop de la jolie demoiselle qu’elle devenait. Azalaïs avait toujours eu de magnifiques yeux verts, qui semblaient s’être imprégnés de la couleur des marais camarguais, lorsqu’ils étincellent sous le soleil. Et, en grandissant, elle était devenue une jeune Provençale pétillante, au regard aussi doux que malicieux.

Elle était trop digne, trop discrète pour que les jeunes gens osent aller chanter la sérénade sous ses fenêtres, d’autant que son père effrayait même les plus courageux de Saint-Trophime. Néanmoins, tous les gardiens de chevaux se retournaient sur son passage.
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