Gérard Mottet

Au plus près de la nuit furtif passe le vent des souvenirs.

Lignes de partage

Je ne sais qu'elle frontière nous traverse
quelque part en nous mystérieuse
comme la barre bleue des lointains
au seuil invisible de nos rêves
comme l'écume de la dernière vague
au flot montant de nos désirs.

Est-ce entre nous frontière
que cette ligne courbe du soleil
qui monte et qui descend
ou ce vol brusque de l'oiseau qui déchire le ciel
est-ce frontière que cette arche lumineuse
où s'exalte le chant de la pluie.

Ensemble nous cheminons sur nos lignes de crête
entre nos versants d'ombre et de lumière
par sentiers caillouteux à travers champs et forêts
par chemins de halage allant d'écluse en écluse
sans jamais passer pourtant ces lignes de partage
où se croisent nos solitudes.

(" Murmures de l'absence")

En bref



Les pierres nous regardent passer
comme nous voyons les paillons
à peine nés déjà disparaître
le temps de quelques battements d’ailes

vertige des fractales du temps
échelonnement du devenir
                            à l’infini...

et voici qu’à l’heure où je vous parle
un papillon vient de se poser
sur cette pierre qui me regarde

aura-t-il le temps de butiner
les fleurs impatientes qui l’attendent ?

et nous ?
            aurons-nous le temps de vivre ?