— Inspecteur, je vais vous demander de vous retourner lentement.
Rusk sursauta en attendant la voix de Fisselli.
Six hommes en gilet pare-balles lui faisaient face, cinq le tenaient en
respect avec des armes. Ils portaient les brassards de l’Inspection des
Services. Celui du milieu reprit la parole :
— Je suis l’inspecteur Fisselli, et je vais vous demander de nous
accompagner sans opposer de résistance.
Rusk s’en voulut de s’être laissé surprendre de la sorte. Pire qu’un bleu
! La nouvelle de l’attentat avait détourné son attention. Il en payait le prix,
voilà tout.
Rusk leva mollement les mains et demanda :
— Vous ne pouviez pas me convoquer, tout simplement ?
— Je doute que vous auriez répondu à mon invitation.
Rusk haussa les épaules tout en promenant nonchalamment son regard
sur ces visiteurs indésirables et sur l’immeuble face au sien. Son œil
cybernétique enregistra tous leurs visages et repéra facilement les deux
snipers qui couvraient les fenêtres de son appartement. Il zooma dessus et
les photographia également.
— Vous avez sans doute pris du galon, Rigardi, mais, ici, je ne suis
plus votre subordonnée. Alors je suppose que vous devez avoir une idée
assez précise d’où je vous invite à vous enfiler vos réflexions ?
Le colonel s'empourpra :
— Bordel ! Il s'agit du fils du Ministre de la Sécurité Nationale !
explosa-t-il en désignant le cadavre. Vous comprenez ce que ça implique ?
Alors, croyez-moi, c'est vous qui pouvez vous torcher avec votre suffisance
et votre insolence !
— S'il vous plaît, intervient Volayne, les mains levées en signe
d'apaisement. On est tous sur les nerfs, la nuit a été courte et tout le monde
a conscience de la gravité exceptionnelle de la situation. (Puis, faisant face
à Kovarowski :) Le colonel rendra compte directement au Ministre, et vous
au colonel. Rudolf Haartmenger a souhaité chapeauter lui-même cette
affaire.
— Je croyais qu'on ne pouvait pas participer à des enquêtes où l'on est
directement impliqué ou concerné...
Ils étaient cernés de toute part.
D’un côté, les ascenseurs, tous désactivés.
De l’autre, Kovarowski et ses hommes. Quant aux deux escaliers, leurs accès étaient condamnés par deux unités d’une dizaine de policiers chacune.
Le chef du commando désigna à deux de ses hommes l’un des groupes et mima de se trancher la gorge avec le pouce. Puis, il fit signe à tous les autres de se coller contre les portes closes des ascenseurs.
Autour d’eux, les flics resserraient lentement leur étau, pas à pas, précautionneusement.