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Citation de gigi55


Descartes est le premier qui air dit que les conduites animales ne sont pas des conduites instinctives. Ce ne sont pas des conduites instinctives, ce sont des conduites mécaniques. Ce n'est pas du tout la même chose, car on peut évidemment lever une confusion : on peut dire que ce qui caractérise les conduites instinctives (c'est faux, d'ailleurs, on le verra par la suite), c'est l'automatisme. On a dit ça très souvent, on l'a dit depuis les Stoïciens. Mais c'est un automatisme psychique dont on veut parler, un automatisme comparable à celui qu'on obtient ou qu'on pense obtenir lorsqu'on se livre par exemple à un apprentissage extrêmement serré et qu'on peut après, dans l'apprentissage du type apprentissage par coeur, dérouler une série de nombres, de mots ou un texte comme n'y pensant pas et faisant en même temps autre chose. Ces activités, quand elles sont constituées, qui peuvent se dérouler à partir d'un processus de déclenchement comme une stimulation initiale, telle que par exemple la récitation d'un texte qu'il faut reprendre au point de départ pour arriver à le dire complètement, constituent un automatisme que l'on peut appeler un automatisme de type psychique. Mais ce n'est pas du tout cet automatisme-là auquel Descartes pense. Il décrit un automatisme qui est bien loin d'être l'analogue de l'intelligence, qui est bien loin d'être l'analogue d'une habitude acquise, et apprise, c'est un automatisme de la matière, de la res extensa, c'est-à-dire quelque chose qui est comparable au fonctionnement d'une machine, à cause de la forme de ses pièces. Quand une araignée construit sa toile, elle agit exactement comme une machine à tisser. Quand une taupe pousse sa taupinière, creuse sa galerie et pousse sa taupinière, elle agit comme une pelle à fouir, c'est-à-dire comme un outil qui a été fait de manière à soulever la terre de cette façon-là. Les animaux sont conformés pour un certain type d'action, d'ailleurs généralement étroit. En dehors d'une certaine manipulation matérielle correspondant à leur conformation corporelle, ils sont extrêmement maladroits, ils sont incapables de résoudre un vrai problème. Bien loin donc que les merveilles de l'industrie des animaux qu'on citait pour montrer la supériorité animale témoignent de la supériorité de l'animal, ces merveilles témoignent contre eux et témoignent contre l'instinct si on voulait considérer l'instinct comme quelque chose de psychique. Il n'y a pas d'instinct, il n'y a que de l'automatisme corporel.
Voici ce que dit Descartes : « bien qu'il y ait plusieurs animaux qui témoignent plus d'industrie que nous en quelques-unes de leurs actions, on voit toutefois que les mêmes n'en témoignent pas du tout en beaucoup d'autres : de façon que ce qu'ils font mieux que nous ne prouve pas qu'ils ont de l'esprit, car à ce compte ils en auraient plus qu'aucun de nous, et feraient mieux en toute autre chose ; mais plutôt qu'ils n'en ont point, et que c'est la nature qui agit en eux' », la nature, c'est-à-dire la conformation de leur corps. p. 76
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