Citations de Gilles Dorronsoro (11)
L'incapacité des gouvernements à répondre aux souffrances sociales explique la crise politique que nous vivons, en particulier la défiance des citoyens face aux institutions. Là où le marxisme décrivait des contradictions menant à la révolution, je vois plutôt une tension dangereuse entre le capitalisme dans sa forme actuelle et les régimes démocratiques. En effet, le néolibéralisme, parce qu'il redéfinit la place de l'Etat dans un sens de plus en plus autoritaire et de moins en moins social, peut fort bien se passer de la démocratie.
Dès son arrivée au pouvoir, le régime baassiste a mis en place une surveillance systématique de la population et la répression – brutale et immédiate – de toute forme de dissidence. La diminution des ressources et les évolutions démographiques ont entraîné une dégradation progressive de ce système : la Syrie de 2011 est un État policier en manque de ressources.
Le photographe est un voyageur solitaire. Quel que soit l'univers dans lequel il s'immerge, c'est le regard de l'autre et de sa bienveillance que dépendent son oeuvre et parfois même sa vie.
Sous leur tchadri, le voile désormais obligatoire, les élégantes portent jolie robe, bijoux, chaussures vernies. Comme par défi...Kaboul 2001
La plupart des familles vivent de la charité. Même des gens autrefois considérés comme riches doivent se mêler aux pauvres pour aller chercher de la nourriture et de l’aide.
La guerre a trois conséquences : la destruction du capital économique, l’émergence de marchés régionaux et la réorganisation des flux économiques et humains. Premièrement, l’économie syrienne a été durement touchée avec un effondrement de la production et une destruction du stock de capital. L’aide internationale et le trafic transfrontalier ne compensent pas cet appauvrissement massif car les ressources de la contrebande, d’ailleurs limitées, profitent à des groupes souvent hors de Syrie (réfugiés, trafiquants). Cette destruction se produit de façon différenciée selon les régions et les catégories sociales, ce qui entraîne un accroissement des inégalités au sein de la société syrienne.
S’engager dans la révolution, cela signifie tellement plus, cela veut dire côtoyer des dizaines de nouvelles personnes chaque jour, voyager partout. Les gens n’ont plus de préjugés, car je prends des risques, je suis comme eux à présent .
Parfois, aussi, les clivages politiques divisent profondément les familles. La révolution devient une « nouvelle famille », au sens métaphorique, avec des amitiés très fortes, mais aussi au sens littéral avec des mariages qui auraient été autrefois impossibles.
Les révolutions en Tunisie, en Égypte et au Yémen se sont déroulées comme un rêve pour nous. Quand Tripoli est tombé, je me suis dit que c’était possible ! Qu’on avait également une chance contre Bachar en Syrie ! L’impossible devenait pensable !
Confier la sécurité du pouvoir à un groupe minoritaire et méprisé est une technique classique dans les systèmes impériaux ou multicommunautaires. Peut-être pour maintenir une apparence d’ouverture, Hafez et Bachar al-Assad ont souvent choisi un sunnite comme ministre de la Défense, dont le plus connu a été Mustafa Tlass, un compagnon de la première heure de Hafez al-Assad et un sunnite comme Ali Mameluk peut se voir confier la tête des services de sécurité.
Le chrétien redoute voire méprise le musulman, l’alaouite se sent refusé par le sunnite qui méprise ce dernier encore considéré comme un montagnard, les ismaéliens se sentent assiégés par les alaouites .