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Citation de Leloupdanslalibrairie


Terrible honte, que celle de la nudité en place publique, à marcher pieds nus dans la rue, ajoutée aux supplices, aux coups, aux crachats et insultes, à ton sexe, ou du moins ton pubis, offert à tous les regards.
D’un bras tu barres tes seins et de l’autre main ouverte à plat, tu caches ton triangle, de temps en temps le tendre rose à la corolle d’un téton apparaît, mais ce n’est pas l’endroit à montrer ce genre de jolies choses. Quel dommage.
Et le crétin là, devant toi, résistant de fin de saison, le revolver à la ceinture, tient pendu par les pieds comme on le ferait d’un poulet ou d’un porcelet, ton nourrisson qui hurle. Ton bébé chéri, ton tout-petit. Tête en bas, le visage mouillé de larmes et de bave, tu tends les bras pour le sauver, dégageant ta poitrine, et alors la rumeur de la foule augmente et part en rires et en quolibets, elle se régale du spectacle de ton corps dénudé en criant « les nichons ! La patchole ! Le gros cul ! » Et ça rigole, et ça rigole, et ça se tape sur les cuisses, quelle drôle de fête, bien triste au demeurant, comme je connais ces gens, comme je connais ce peuple.
Toi, la femme sans nom, « d’entre toutes les femmes », te voici ici nue et livrée comme un ivoire au yeux de tous, rien de ton corail n’apparaît, la nature est bien faite.
Tu pleures et tes larmes amères glissent sur tes seins gorgés de lait, les gouttes défont quelque peu les croix gammées tracées au charbon sur ta gorge et tes joues, tu lèves à demi les yeux au ciel, comme si quelque chose pouvait en venir. On dit d’ailleurs que toujours, les agonisants et les torturés tournent leur visage vers les cieux avant de trépasser.
Putain ! Putain ! Traître ! Ordure ! Salope ! Crie la foule. Eh bien non justement, putain tu n’étais pas, oh, on ne peut pas parler à proprement d’amour avec ton Allemand, on se débrouille, c’était ton pain de fesse à toi.
[….] Le plus terrifiant, dans ces femmes que l’on tond et que l’on humilie ce ne sont pas à proprement parler les coups et les insultes, mais le fait que leur corps soit livré à la vue de tous.
Jamais on ne fait cela aux hommes.
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