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4.42/5 (sur 33 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Toulon , le 3 juin 1963
Mort(e) à : ? , ?
Biographie :

Gilles Zerlini vit à Bastia, il est l’auteur de Mauvaises nouvelles (2012), Chutes (2016), Sainte Julie de Corse (2019) parus chez Materia Scritta, et de, Épuration (2020) et de Lettre à mes fantômes (2022) parus aux Éditions Maurice Nadeau.
Son enfance dans la Basse-Ville de Toulon, peuplée de marins, d’ouvriers de l'Arsenal et de prostituées, marque profondément son œuvre. Il fut entre autre chanteur de rock. D’autre part il connaît aussi très bien le monde rural, puisque autrefois berger. Il se définit comme un écrivain réaliste.



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Lettre à mes fantômes 30 septembre 2022


Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Terrible honte, que celle de la nudité en place publique, à marcher pieds nus dans la rue, ajoutée aux supplices, aux coups, aux crachats et insultes, à ton sexe, ou du moins ton pubis, offert à tous les regards.
D’un bras tu barres tes seins et de l’autre main ouverte à plat, tu caches ton triangle, de temps en temps le tendre rose à la corolle d’un téton apparaît, mais ce n’est pas l’endroit à montrer ce genre de jolies choses. Quel dommage.
Et le crétin là, devant toi, résistant de fin de saison, le revolver à la ceinture, tient pendu par les pieds comme on le ferait d’un poulet ou d’un porcelet, ton nourrisson qui hurle. Ton bébé chéri, ton tout-petit. Tête en bas, le visage mouillé de larmes et de bave, tu tends les bras pour le sauver, dégageant ta poitrine, et alors la rumeur de la foule augmente et part en rires et en quolibets, elle se régale du spectacle de ton corps dénudé en criant « les nichons ! La patchole ! Le gros cul ! » Et ça rigole, et ça rigole, et ça se tape sur les cuisses, quelle drôle de fête, bien triste au demeurant, comme je connais ces gens, comme je connais ce peuple.
Toi, la femme sans nom, « d’entre toutes les femmes », te voici ici nue et livrée comme un ivoire au yeux de tous, rien de ton corail n’apparaît, la nature est bien faite.
Tu pleures et tes larmes amères glissent sur tes seins gorgés de lait, les gouttes défont quelque peu les croix gammées tracées au charbon sur ta gorge et tes joues, tu lèves à demi les yeux au ciel, comme si quelque chose pouvait en venir. On dit d’ailleurs que toujours, les agonisants et les torturés tournent leur visage vers les cieux avant de trépasser.
Putain ! Putain ! Traître ! Ordure ! Salope ! Crie la foule. Eh bien non justement, putain tu n’étais pas, oh, on ne peut pas parler à proprement d’amour avec ton Allemand, on se débrouille, c’était ton pain de fesse à toi.
[….] Le plus terrifiant, dans ces femmes que l’on tond et que l’on humilie ce ne sont pas à proprement parler les coups et les insultes, mais le fait que leur corps soit livré à la vue de tous.
Jamais on ne fait cela aux hommes.
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Transformez les plages en restaurant, les places en foire les rivières en piscines, les quais en boîte de nuit. Offrez-leur votre amitié avant qu'ils ne partent, c'est toujours quelque chose de plus. Ne vendez pas votre âme, vous n'en avez plus, contentez-vous de manger leur merde.
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Affalé dans son canapé il regarde la fin de Docteur Folamour sans beaucoup rire, puis 2001, L'Odyssée de l'espace, le tout entrecoupé de siestes et de longs gorgeons de Martini, de Porto puis de Campari, légèrement colmatés par des boîtes de thon à l'huile mélangés à de la semoule de blé grain moyen. A chaque nuit sa chambre, il en changea à chaque fois prenant bien le soin de remettre en place parfaitement la literie quelquefois tachée de vomi. Au bout de trois jours à ce rythme il était arrivé à Eyes Wide Shut, l'ultime film de Kubrick auquel il ne comprit rien, mais il mit cela sur le mélange et l'abus d'alcool. Le bar vide il était temps de quitter sa cachette, il prit un dernier bain, remit toutes les bouteilles vides à leur place dans le bar, rangea parfaitement toutes les boîtes de conserve en repositionnant les couvercles, les paquets et les sachets vides dans les placards de la cuisine. Il vida la totalité de la cave dans une baignoire, le pourpre du vin sur le blanc de l'émail était du plus bel effet. Ensuite il fit le tour de tous les chauffages électriques de chaque pièce, les alluma su position maximale, puis il ouvrit les trois robinets de douche et les six de lavabo des salles de bain "coule petite rivière, coule", il fit de même avec tout ce qui pouvait s'allumer comme ampoule, le compteur électrique qui tournait "à fond comme un 78 tours", et écouta la musique du pépiement précipité du compteur d'eau comme un gosse devant un jouet mécanique. Il referma au mieux les volets en coinçant un tissu entre les lattes et, de nuit, reprit la route. Il passa devant un oratoire, sur la plaque St Martin, la statuette du saint n'y était plus.
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immédiatement les youyous se transforment en hurlements, en stridences aiguës, on tire d’autant plus. Des corps tombent. On tire. La foule tente de se disperser, beaucoup tombent, se piétinent, on avance en formation, tout doucement. Le soleil continue à nous regarder en face, il est un peu descendu sur les crêtes et nous fixe d’autant plus, nous sommes trempés de sueur, les yeux nous piquent, mon arme est brûlante, elle me glisse des mains. Le tissu de mon béret rouge est trempé d’une sueur acide qui pue.
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Vendre

Arrêtez de faire semblant. Puisqu’en fait, tout est à vendre.


Vendez lez jardins, les potagers, les vergers. Là où les anciens enlevaient pierre à pierre, là où ils charriaient de la terre pour combler les planches.


Démontez les murets de pierres, les escaliers et les fontaines, les arches agrémentez en les parcs des villas de bord de mer.


Déterrez les oliviers millénaires et replantez les au bord des piscines bleue en forme de haricot, donnez leur pour voisins des palmiers majestic et des lauriers roses des pittosporums.


Coupez les chênes vieux, les plus gros les plus larges, oh, après tout coupez tout, faites-en du bois de chauffage écologiquement compatible, pour réduire votre empreinte de co2, pour faire des barbecues.


Supprimez les figuiers envahissants et la mousse des murs. S’il reste des terres arables plantez du pavot, laissez mourir les jardins et coupez les vergers.


Détruisez les tombes, les caveaux, les sépultures oubliées, les mausolées, faites des réductions de corps, puis jetez les os à la mer ou donnez les aux chiens. Les morts aujourd’hui s’incinèrent, la cendre conservée dans une urne de marbre, dispersée au vent, ou oubliée dans un cendrier. Le terrain gagné sur ces sépultures rapportera toujours plus que ces hommages archaïques et inutiles.
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" Il resta ainsi concentré déroulant les rimes comme une prière mortuaire, à mi-voix, faisant sourire d'aucuns qui le pensaient perdu. Tout en priant, les deux mains sous la table, il ouvrit sa valisette posée sur ses cuisses, clic, le couvercle ouvert il libéra le bras de la grenade MK2, tinc, serra ses mains jointes sur le métal quadrillé et compta les yeux fermés jusqu'au dix... "
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[...] et des Américains gentils, aux dents blanches et aux cheveux blonds, qui jetaient des bombes n'importe où et qui, quelques jours après, lançaient des chewing-gums dans les menottes tendues des enfants qui hurlaient de joie, c'est comme ça la guerre, c'est comme ça qu'on nous a dit, ce n'est pas que leur soupe de Paris brûle-t-il ? Où les inepties de Tarentino, non c'est un peu plus compliqué, entre les carreaux blancs et noirs, difficile de déambuler, pas sur l'un ni sur l'autre ; il ne faut pas glisser, pas rester sur un seul carreau, tu peux pas, un jour peut-être on en parlera ensemble, quand nous aurons le temps, autour d'un verre de vermouth, bien à l'ombre d'un arbre épais, en regardant la baie de Naples, assis à la terrasse de la maison de Monsieur Curt-Erich Suckert dit Curzio Malaparte, lui il connaît la guerre et les choses compliquées qui en découlent. (page 96)
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Et puis à un moment donné, après les hurlements d’effroi, les youyous, les balles qui font danser ceux qui tombent, les corps qui s’effondrent et les supplications ; arrive une vague de sang qui descend sur nous, elle touche nos rangers, puis peu à peu le niveau monte, inexorablement. On garde notre position et plus ça crie et plus on tire, il faut le silence, il faut le silence, et plus le niveau monte, jusqu’aux genoux puis jusqu’à la taille et jusqu’à la gorge, la bouche, les narines… mourir noyé dans le sang des autres, dans le sang de l’adversaire. Sentir le liquide chaud couler dans sa gorge puis envahir le nez pour étouffer dans la chair de l’autre, jusqu’à la noyade.

Et puis tout d’un coup le silence enfin, comme la joie de l’apaisement, et puis plus rien, plus un cri, plus de vague de sang. »
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Et les palmiers, dont on dit qu'il y en a plus que d'habitants, ne dit-on pas d'ailleurs Hyères-les-Palmiers. À la différence de sa Ville-basse où, durant des années, un chef de gare un peu taquin débitait, à l'annonce du train entrant : « Toulon ! Toulon ! plus de putains que de maisons ». (page 150)
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" Parfaitement vêtu, coiffé, rasé et manucuré il entra porteur de son lourd attaché-case et d'une odeur que les jours passant n'avaient fait qu'accentuer. L'odeur de la crasse humaine, paraît-il, ressemble à l'odeur qui émane aux premiers jours d'un corps mort en décomposition. La peau se transforme en champ de ruines, l'intérieur de l'enveloppe charnelle en usine chimique. L'acide butanoïque prend le dessus sur l'air ambiant. La catastrophe relationnelle est totale. L'île humaine apparaît. "
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