AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Partemps


Marie Laure Colasson

Explorer le pouvoir du langage, ses énoncés, ses expressions, c'est explorer son pouvoir proprement signifiant. L'axiome selon lequel la tâche du discours poétique est sa capacité à nous rapprocher des choses, se révèle être une tromperie, un effet d'optique du sujet portant les lunettes de l'intention signifiante. C'est précisément le point. En effet, la cuisine du langage poétique ébranle l'intention subjective, déstabilise la « place du sujet » ; la poésie de la cuisine suit le signe fi n où elle marque par elle-même l'explosion du langage l'un vers l'autre, son ouverture. Cette explosion est typique de la cuisine pratique, montre l'absurdité, le déplacé du « dire ». Le lieu de cette explosion est justement la cuisine du discours poétique , en effet là le langage s'y échappe toujours et nous échappe, et pourtant c'est aussi le lieu où il vient à lui-même, le lieu où le langage montre son incompréhensibilité et le pouvoir de dire, montre qu'il doit garder le silence face à ce qu'il dit et qu'il doit continuer à dire. La fonction ontologique du langage issue de l'intention signifiante du sujet est cette axiomatique que la poésie de cuisine doit à tout prix démobiliser et dépeupler, c'est précisément l'intention signifiante qu'il faut annihiler, sinon on retombe dans la « place du sujet" et ses paraphrases, ses énoncés sibyllins.

"Le discours poétique du futur proche devra nécessairement passer par le chas de l'aiguille de la mise à distance du paramètre majoritaire de la fin du XXe siècle".

Il me semble que la conclusion de l'écriture de Linguaglossa qui date de 2013 est très précise, elle indique avec une conscience aiguë que la poésie « du futur proche » devra être différente. Il me semble aussi évident de penser que la poésie avant Covid19 et qu'après Covid19 devra être très différente, le monde a changé, le néolibéralisme qui dominait en Occident est entré en crise et le turbocapitalisme celui de ce néolibéralisme est entré en crise, il a été mis en pratique. De cette crise il sortira peut-être, mais il ne sortira qu'avec la conscience qu'il faudra abandonner la poiesis d'avant Covid19.
Le monde change, en effet, il a déjà changé. Ceux qui ne l'ont pas encore remarqué sont les petits écrivains qui continuent d'écrire comme trente et quarante ans avant le Covid19.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}