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Citation de SZRAMOWO


Il fait nuit. Une nuit aussi noire que le cœur de Larry, son petit ami, qui vient de la plaquer et de l’abandonner à la merci de ces chiens. Terrée derrière des cartons dans une impasse humide, elle scrute les environs. Dans sa course, l’un de ses talons s’est cassé et sa jupe s’est fendue jusqu’à l’orée des fesses. Le bruit sourd d’une poubelle qui se renverse lui arrache un cri. La vue brouillée par la sueur, elle distingue un chat, le dos rond et les orbites vides. Lorsqu’elle se retourne, il est là. Le grand Noir, avec son affreux bec-de-lièvre.
— Temps de faire dodo, poupée.
Puis il lui fiche un violent coup de tête.
Elle bascule dans le vide, rattrapée de justesse par son complice, le gnome aux dents dorées. Aussitôt les deux ombres fondent sur elle. L’un fouille dans son sac tandis que l’autre s’acharne sur le diamant à son annulaire. Soudain, ils se figent. Aucun bruit n’a éveillé leur attention, mais quelque chose dans l’air a changé. Ils se redressent, les sens en alerte. Entre les volutes de fumée qui émergent des égouts et camoufle les angles de la ruelle, une silhouette se dessine. Jambes écartées, mains sur les hanches et lunettes aviateur sur le nez.
— T’es qui, toi ?
Le brouillard se dissipe, dévoilant une femme en pantalon et veste en cuir noir. À sa ceinture, un tonfa et un Smith & Wesson Model 29.
— Votre pire cauchemar.
Les deux hommes se jettent un regard dubitatif, puis ricanent.
— Tu sais quoi, Blondie, c’est une belle soirée, non ? Pourquoi tu ne viendrais pas tâter nos gourdins, dit le grand Noir en se caressant l’entrejambe. Le mien est saveur café, le sien, chocolat blanc.
— J’ai une meilleure idée. Venez goûter au mien, les invite-t-elle en faisant claquer une matraque télescopique le long de ses hanches. (Elle la porte à ses narines.) Je sens déjà l’odeur de votre chair broyée.
L’image qui s’impose aux hommes ne leur plaît guère. Ils s’avancent, à l’affût.
— Tu vas regretter d’être née, Blondie.
— Et d’avoir raté l’immense privilège de rencontrer les deux beaux gosses que vous êtes… Si vous connaissez une prière, récitez-la maintenant. Quand je vous aurai pété les dents, ce sera moins évident.
Le grand Noir pousse une exclamation guerrière et se rue sur elle. Blondie pivote et lui enfonce la matraque dans le bide. Elle le décolle du sol et le projette à trois mètres. Dans l’action, l’objet lui échappe. Le petit Blanc en profite pour bondir à son tour et la bloque contre le mur. La main autour de sa gorge, il claque son dentier jaune devant son nez.
— Alors, Blondie, tu fais moins la maligne, hein ?
— Blondie, c’est pour les midinettes. Moi, c’est Marie. Marie Lafontaine. Et j’ai un message pour Satan quand t’arriveras en enfer.
Le gnome blêmit quand l’arme s’enfonce entre ses côtes. Il est projeté contre le mur et s’affale, laissant derrière lui une longue traînée de sang.
— C’est cadeau !
Elle souffle sur le bout de son arme, la rengaine d’un mouvement preste et admire son œuvre.
— Hé ! Oh !
Une voix féminine.
Marie se retourne, sur ses gardes. Les deux types gisent sur le sol. La victime aussi… mais…
— Hé ! Oh !
C’est bien elle qui parle… sauf qu’à la place du visage tuméfié apparaît une tête ronde au nez moucheté de taches de rousseur.
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