A l'heure où l'Italie va célébrer les 700 ans de la mort de son Poète, nous avons droit en ce début d'année à 2 biographies, qui sont aussi différentes qu'elles sont complémentaires.
Celle-ci est sublime et atypique, intitulée "des vies nouvelles" et que je qualifie de "Nuova biografia"
Alors je me lance sur une critique qui ne saura réellement restituer le bonheur de cette lecture à laquelle nous invitent Élisa Brilli (professeure à Toronto, dont les recherches portent sur Dante et l'histoire culturelle médiévale) et Guiliano Milani (professeur d'histoire médiévale, qui a étudié les communes italiennes et qui est codirecteur de la collection des documents sur la vie de Dante).
Cette biographie écrite à quatre mains, s'éloigne des biographies"classiques" dans sa construction. En mettant en parallèle "l'histoire" et "le récit", et cela fonctionne magnifiquement sur les 4 étapes que nous traversons : adolescence, jeunesse florentine, jeunesse exilée, vieillesse pour finir par un épilogue sur les postérités
Un gros travail d'exégèse car de la vie de Dante paradoxalement n'est qu'une suite de silences que viennent briser des poésies, la Vita Nuova, De vulgari eloquentia, il Convivio, des lettres, De Monarchie, les épîtres, des églogues et bien entendu la Commedia.
Au risque de paraphraser Dante lui-même :
" Au milieu du chemin de notre vie
je me retrouvai par une forêt obscure
car la voie droite était perdue.
Ah dire ce qu’elle était est chose dure
cette forêt féroce et âpre et forte
qui ranime la peur dans la pensée !
Elle est si amère que mort l’est à peine plus ;
mais pour parler du bien que j’y trouvai,
je dirai des autres choses que j’y ai vues.
Je ne sais pas bien redire comment j’y entrai …
[…]
Si les barbares, venant de ces rivages
qui sont chaque jour couverts par Hélice
tournoyant avec son fils qu’elle aime,
en voyant Rome et ses grands édifices,
s’émerveillèrent quand le Latran
domina les choses mortelles,
Moi qui était venu au divin
de l’humain, à l’éternel du temps,
et de Florence au peuple juste et sain,
de quelle stupeur devais-je être empli"
Voilà les premiers et les derniers vers du poème auquel il consacre les dernières années de sa vie, dans lequel il nous livre son état au début et à la fin de son voyage dans l’au-delà.
On peut parfois ce retrouver comme lui face à son œuvre, face à une forêt obscure, mais grâce à des guides comme nos deux auteurs qui nous le rendent plus proche, tout devient plus lumineux et les écrits deviennent vie.
Un seul regret, on eut aimé que ce voyage érudit se prolonge, mais pour ce faire il nous reste la possibilité de relire ces pages, et se replonger dans les œuvres de Dante.
Commenter  J’apprécie         20