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Citation de mimo26


2017

Pointe sud du Cap d’Antibes. Le 13 mai.

Manon Agostini gara sa voiture de service au bout du chemin de la Garoupe. La policière municipale claqua la porte de la vieille Kangoo en pestant intérieurement contre l’enchaînement de circonstances qui l’avait conduite ici.

Vers 21 heures, le gardien d’une des plus luxueuses demeures du Cap avait téléphoné au commissariat d’Antibes pour signaler un pétard ou un coup de feu – en tout cas un bruit étrange – qui aurait été tiré sur le sentier rocheux jouxtant le parc de la propriété. Le commissariat n’avait pas fait grand cas de l’appel et l’avait redirigé vers les bureaux de la police municipale, qui n’avait rien trouvé de mieux que de la contacter elle, alors qu’elle n’était plus en service.

Lorsque son supérieur l’avait appelée pour lui demander d’aller jeter un œil sur le sentier côtier, Manon était déjà en tenue de soirée, prête à sortir. Elle aurait voulu lui répondre d’aller se faire voir, mais elle n’avait pas pu lui refuser ce service. Le matin même, le bonhomme avait accepté qu’elle conserve la Kangoo après ses heures de boulot. La voiture personnelle de Manon venait de rendre l’âme et, en ce samedi soir, elle avait absolument besoin d’un véhicule pour aller à un rendez-vous qui lui tenait à cœur.

Le lycée Saint-Exupéry, où elle avait été élève, fêtait ses cinquante ans et, à cette occasion, une soirée rassemblerait les anciens élèves de sa classe. Manon espérait secrètement y revoir un garçon qui l’avait marquée autrefois. Un garçon différent des autres, qu’elle avait bêtement ignoré à l’époque, lui préférant des types plus âgés qui s’étaient tous révélés de sombres crétins. Cet espoir n’avait rien de rationnel – elle n’était même pas certaine qu’il serait présent à la soirée, et il avait sans doute oublié jusqu’à son existence –, mais elle avait besoin de croire qu’il allait enfin se passer quelque chose dans sa vie. Manucure, coiffure, shopping : Manon s’était préparée tout l’après-midi. Elle avait claqué trois cents euros dans une robe droite en dentelle bleu nuit et en jersey de soie, avait emprunté un collier de perles à sa sœur et des escarpins à sa meilleure amie – une paire de Stuart Weitzman en daim qui lui faisait mal aux pieds.

Juchée sur ses talons, Manon alluma la torche de son téléphone et s’engagea sur le chemin étroit qui, sur plus de deux kilomètres, longeait la côte jusqu’à la Villa Eilenroc. Elle connaissait bien cet endroit. Lorsqu’elle était enfant, son père l’emmenait pêcher dans les petites criques. Autrefois, les gens du coin appelaient cette zone le chemin des douaniers ou des contrebandiers. Plus tard, le lieu était apparu dans les guides touristiques sous le nom pittoresque de « sentier de Tire-Poil ». Aujourd’hui, il répondait au nom plus plat, aseptisé, de sentier du littoral.

Au bout d’une cinquantaine de mètres, Manon buta sur une barrière assortie d’une mise en garde : « Zone dangereuse – accès interdit ». Il y avait eu une forte tempête en milieu de semaine. Des coups de mer violents avaient provoqué des éboulements qui rendaient la promenade impraticable sur certains secteurs.

Manon hésita un instant et décida d’enjamber la barrière........
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