Tout sembla plus léger à Paul ce jour-là. Il ne vit même pas l'affreuse tour qui était en train de se construire, au loin, pour un opérateur télécom. Il fit des sourires à ceux qu’il croisa dans la rue, même à ceux qui baissaient les yeux. Il en oublia presque de rentrer à la maison Pauline. Là où il devait ramener sa maladie. La soigner. Autant qu'il lui était possible. Pour le temps qu'il lui restait à vivre. Un temps court. Un temps bref. Des instants inépuisables au regard de de sa vie de mourant. Des moments qu'il vivait pleinement, là, aujourd'hui, avec son fils. Paul en oublia même sa maladie. Sa mort prochaine sans doute. Il ne pensait qu'à Antoine.
Souvent, des terres arides, craquelées d’un désert sans eau. Burinées de glacis, les fêlures s’estompent. Veulent être belles souvent. Disparaissent parfois. Creusent des tunnels. Réapparaissent plus loin. Pourtant, l’essentiel
demeure.
Aujourd’hui, Antoine ressemblait non plus à une image, mais à l’homme qu’il avait vu nu, ce jour-là. Son père. Il avait le même corps d’homme que son père. Ce corps qui témoigne de son identité d’homme. De la vie. De la vie reçue. De la vie à donner. De cette chaîne sans fin et sans pareil.
Martin voulait fuir pour aller là-bas. Vers ce lieu inscrit au plus profond de sa mémoire. Qui l’attirait comme un aimant. Où se cachait un secret. Enfoui. Inconscient. Qui lui faisait mal.
L’horloge, vaincue par le temps, était immobile.