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Citation de HordeDuContrevent


Le dos était rond, mobile. Des muscles y évoluaient infatigablement. Un paysage rose, semé de tâches de rousseur. Au-dessous des omoplates foisonnaient des poils roux, des deux côtés de la colonne vertébrale incrustée dans la graisse. En allant vers le bas, ils frisaient jusqu'au moment où ils disparaissaient à l'intérieur de ces caleçons que Herbert portait même en été. En allant vers le haut, depuis le bord des caleçons jusqu'aux muscles de la nuque, le dos était couvert de cicatrices gonflées, interrompant la pilosité, effaçant les tâches de rousseur, faisant des plis, siège de démangeaisons quand le temps changeait, riches en couleur, parcourant toutes les nuances entre le bleu foncé et le blanc verdâtre. Ces cicatrices, j'avais le droit de les toucher.
Qu'ai-je eu le droit, moi qui suis dans mon lit, regarde par la fenêtre, depuis des mois contemple sans cependant les voir le moins du monde les bâtiments de service de la maison de santé et, derrière, la forêt d'Oberrath, qu'ai-je eu le droit de toucher jusqu'à ce jour qui fût aussi dur, aussi sensible et aussi troublant que les cicatrices sur le dos de Herbet Truczinski ? Les parties de certaines filles et femmes, mon propre membre, le petit arrosoir en plâtre de l'Enfant Jésus et cet annulaire que le chien m'apporta du champ de seigle il y a tout juste trois ans, qu'il m'était permis de garder l'année dernière encore, dans un bocal à conserves certes, et intouchable, mais si net et si complet que je peux aujourd'hui encore sentir et compter chaque phalange de ce doigt pour peu que je saisisse mes baguettes.
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