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Citation de lanard


Cette étude [Un Dieu sans nom, "Théologies du nom" judéo-chrétiennes et gnostiques], très incomplète, avait simplement pour objet d'attirer l'attention sur quelques conséquences surprenantes, voire paradoxales, du refus des Juifs de nommer leur Dieu. Dans l'Antiquité, un dieu sans nom était pour le moins une chose rare. En refusant de prononcer le nom de leur Dieu, les Juifs, qui entendaient ainsi souligner le fossé ontologique infranchissable qui le séparait des idoles des autres peuples, laissèrent le champ libre au développement d'hypostases divines portant les formes et le nom de Dieu. Une hypostase permettait de se faire une représentation plus concrète d'une divinité par trop abstraite et d'entrer d'une certaine façon en familiarité avec elle. Les modes de pensée ésotériques étaient très répandus dans les sociétés antiques. En Israël, le nom ineffable de Dieu offrit un terrain particulièrement favorable à l'essor de l'ésotérisme.
L'une de ces hypostases divines, Jésus Christ, devait connaître une réussite inégalée. Dieu le Père perdit son nom. Ce nom devint progressivement une autre figure divine, parfois appelée Fils de Dieu. Puis, ce fils prit le nom de son Père : comme si l'histoire des religions suivait un parcours œdipien. En un sens, on peut dire que ces juifs qui croyaient (peut être de façon un peu prématurée) que le Messie était advenu et que le temps des épreuves et des injustices touchait à sa fin, mirent en branle un processus qu'ils ne pouvaient mener à terme : c'est aux gnostiques, qui construisaient, comme nous l'avons vu, sur fondations judéo-chrétiennes, qu'il reviendrait de le pousser à son aboutissement logique, en tuant, ou du moins en renversant, le Père de Jésus Christ.
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