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Citation de enkidu_


Dans les plus vieilles traditions grecques à leur sujet, les Juifs étaient tenus, semble-t-il, pour une race de philosophes (…) dans son Indica (rédigé vers 290 av. J. C.), Mégasthène parle avec admiration des Juifs qui, affirme-t-il, sont aux Syriens ce que les brahmanes sont aux Indiens, entendez une secte de philosophes, l’élite du peuple, les dépositaires de vénérables traditions concernant la nature de la divinité : « Tout ce que les anciens ont enseigné sur la nature l’est aussi par des philosophes hors de Grèce, au premier rang desquels les brahmanes chez les Indiens, puis ceux qu’on appelle les Juifs en Syrie. »

S’appuyant sur Mégasthène, Cléarque de Soles, disciple d’Aristote, soutient que les Juifs descendent des brahmanes et voit dans leur sagesse un « héritage légitime » des Indiens. Devenue un topos littéraire, cette idée était, semble-t-il, communément reçue parmi les Juifs, puisque Philon d’Alexandrie et Flavius Josèphe la reprennent à leur compte. Pour Philon, qui lui aussi suit Mégasthène, la « philosophie barbare » représente la reproduction originelle de la vérité et de la sagesse, exprimée non pas en grec mais en hébreu. Elle se confond avec la Torah, le livre par excellence de la sagesse. Les esséniens, en particulier, sont, selon lui, les détenteurs d’une sagesse barbare. Ils sont, pour ainsi dire, les brahmanes des Juifs, l’élite de l’élite. Philon ne cache pas qu’il tient la philosophie barbare en plus haute estime que la philosophie grecque.

« Pratiquement l’humanité, du levant au couchant, toute contrée, toute race, toute cité, tous sont hostiles aux institutions étrangères et pensent accroître le respect pour les leurs propres s’ils le refusent à celles qui sont en vigueur chez les autres. Il n’en est pas ainsi des nôtres : elles attirent et font se tourner vers elles tous les peuples : barbares, Grecs, continentaux, insulaires, nations d’Orient, d’Occident, Europe, Asie, toute la terre habitée d’une extrémité à l’autre. » (pp. 239-241)
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