Guylaine Beaudry en entrevue avec Le Devoir
On a vu une citoyenne brûler dans son poêle à bois tous les livres qu’elle avait empruntés de la section Dewey 200 (Religion) qui ne portaient pas sur la religion catholique.
Être bibliothécaire, c’est contribuer au changement en remplissant des rôles éducatif, culturel, civique et social, et en favorisant l’accès à l’information, à son échange et à son partage, tout en luttant contre la pensée unique et les phénomènes d’exclusion.
Dans tous ses gestes au quotidien, le bibliothécaire incarne les valeurs universelles de la profession. La plus importante de toutes est de garantir le droit fondamental à la liberté intellectuelle, à la libre pensée, c’est-à-dire le droit d’accéder à toutes les formes d’expression des savoirs et de la culture, et d’exprimer ses pensées en public.
L’idée saugrenue souvent répétée depuis l’avènement du Web selon laquelle les bibliothécaires et les bibliothèques seraient devenus inutiles a fait long feu. La confirmation de l’importance de la bibliothèque comme lieu physique et le développement à une grande vitesse de l’espace numérique documentaire appellent plutôt à un renouveau de la profession et des institutions documentaires.
Comme l’a écrit Jean-Charles Bonenfant, « certains lecteurs ont l’art de déformer les titres et le bibliothécaire n’a pas le droit de se moquer de leur ignorance. Il doit se contenter de manifester un peu d’imagination et se souvenir, par exemple, que si on lui demande Nid de guêpes, ce ne peut être que Nœud de vipère de François Mauriac. »
Lire, c’est entrer en dialogue avec soi-même ainsi qu’avec les auteurs, morts ou vivants.
La bibliothèque est un moyen d’externalisation de la mémoire.