Citations de Hadewijch d` Anvers (17)
La plus haute clarté que l'on puisse avoir sur la terre, c'est d'être vrai.
Amour d'abord se plaît à nous combler :
lorsqu'au premier jour il m'entretint de lui-même,
Ah ! toute à lui, que j'ai ri de tout le reste !
mais il me fit alors pareille au noisetier,
qui tôt fleurit dans les mois sombres
et longtemps laisse attendre ses fruits désirés.
Que tout m'est étroit.
Je me sens si vaste,
c'est une réalité incréée
que j'ai voulu saisir à jamais.
Elle m'a soustraite
à mes limites.
Toute chose m'est trop petite,
vous le savez, vous qui vivez là.
Votre erreur est grave
si vous préférez
l'étroit à l'immense.
Dans l'espace infini
l'espérance et la joie sont telles
que l'angoisse vous quitte.
Après tempêtes, le beau temps revient,
plus d'un jour on en fait l'épreuve ;
colère d'un soir, paix le lendemain :
c'est ainsi que s'affermit l'amour.
Il est plus de chagrins, sachez-le, en amour
que de feux dans le ciel étoilé.
Combien douce est l'habitation de l'aimé dans l'aimé, et comme ils se pénètrent de telle sorte que chacun ne sait plus se distinguer. Cette jouissance est commune et réciproque, bouche à bouche, cœur à cœur, corps à corps, âme à âme.
C'est ici que victoire m'attend :
je veux gagner, que Dieu me donne
ce qui sied au seul Amour :
si tel est son bon plaisir,
le désastre est mon honneur"
– Ay, vale, vale millies –
Vous tous qui pour aimer l'Amour
– si dixero, non satis est –
d'un cœur patient, tentez l'aventure !
J'appelle, je me lamente :
à Vous le jour,
à moi la nuit et l'ire d'amour.
Après les tempêtes
revient le beau temps,
on le vérifie chaque jour.
Un soir la colère, la paix le lendemain :
c'est ainsi que s'affermit l'Amour.
Celui qu'il modèle en ce creuset,
les peines endurées le rendent hardi.
Qu'enfin il le défie : je suis tout à Vous.
Je n'ai rien d'autre, Amour, dont je puisse vivre.
Soyez à moi tout entier.
Hélas ! Je fus très tôt conquise
par l'amour
et me fiais à son pouvoir :
c'est pourquoi me condamnent
les amis et les étrangers, jeunes et vieux,
que je sers avec application,
appelant sur eux les faveurs de l'amour.
Amis, n'hésitez pas à prendre ma défense
puisque le sort m'est injuste.
Dans le souci de paraître, certaines personnes manquent d’Être : le moindre obstacle qu’elles rencontrent manifeste le défaut de leur fond Elles sont vite exaltées dans la ferveur, vite abattues dans l’épreuve, parce qu’elles ne s’appuient pas sur la vérité : leur base reste incertaine et changeante.
Un esprit de bonne volonté assure intérieurement plus de beauté à notre vie que nulle règle n'en saurait prescrire.
(p.54)
La vue dont l’âme est pourvue par nature est la charité. Cette vue a deux yeux, l’amour et la raison. La raison voit Dieu seulement en ce qu’il n’est pas ; l’amour ne s’arrête à rien qu’à Dieu même. La raison a des voies certaines où cheminer, l’amour éprouve son impuissance, mais sa défaillance le fait avancer davantage que la raison. La raison procède vers ce que Dieu est, par ce que Dieu n’est pas ; l’amour rejette ce que Dieu n’est pas, et trouve sa béatitude là-même où il défaille, en ce que Dieu est. La raison est plus sobre que l’amour, mais c’est à celui-ci que sont données la suavité et la béatitude.
L’âme est un abîme sans fond en qui Dieu se suffit à lui-même, trouvant en elle en tout instant sa plénitude, tandis que pareillement elle se suffit en lui. Dieu pour l’âme est la voie de la liberté, vers ce fond de l’être divin que rien ne peut toucher, sinon le fond de l’âme.
Et il me laisse errer hors de tout délice et sans discontinuer Il me laisse marcher, accablée sous le poids du défaut de quiétude amoureuse, et Il enténèbre mon désir de goûter à toutes les joies auxquelles j'aurais droit d'avoir part
Il a été envers moi plus cruel que n'importe quel diable. Les diables, eux, n'ont jamais pu m'empêcher de l'aimer ni de faire avancer la personne qu'il me confiait. Mais Lui m'a empêché
Ce que l'Amour a de plus doux, ce sont ses violences