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Citation de Cielvariable


Avant le décollage de l’avion samedi matin, je suis si
légère, je prends un journal sur le présentoir, l’ouvre
comme si j’étais quelqu’un d’autre, quelqu’un qui faisait
ce genre de choses, qui prenait un journal et l’ouvrait, c’est
ainsi que je suis maintenant, une autre, et ça ne fait rien,
que je sois d’une gaieté décousue, incohérente. Je balaie
les pages du regard, et tout d’un coup je vois une courte
interview de moi, quelques questions, nous sommes plu-
sieurs à avoir répondu, j’avais oublié, c’était l’autre jour
au téléphone pendant que je rentrais chez moi. Je n’avais
pas demandé à vérifier les citations, au contraire, je pré-
férais y échapper, voulais juste que ce genre de déclara-
tions disparaisse, ne voulais pas me les faire rappeler,
penser à moi comme ça de l’extérieur. Et me voilà qui
feuilletais ce journal que sinon je ne regarde jamais, et là,
la petite photo de moi et ce que j’avais dit, et c’était pro-
prement épouvantable. Telles qu’étaient présentées les
choses, on aurait cru que je me comparais à Louise
Bourgeois. Elle et moi. Nous. C’est ce qu’on aurait cru.
C’est ce que c’était, dans le journal. Pour qui me prenais-
je. Et voilà que j’allais partir chez cet homme, m’imposer
comme ça, croire qu’il n’y avait qu’à se servir. Venir et
recevoir. Qu’il n’y avait qu’à venir.
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