Hans Carossa (1878-1956) a mené en parallèle une vie de médecin et d’écrivain. La médecine lui livrait les clefs du corps ; à la littérature, il réclamait celles de l’âme. Dans son oeuvre, cet humaniste prolonge l’héritage de la tradition classique allemande et s’attache à partager des leçons de vie, comme en témoignent ses romans les plus célèbres : Le Docteur Gion (1931) et La Journée du jeune médecin (1955).
Quel n'est pas notre bonheur aussi longtemps que les choses n'ont pas encore de nom, aussi longtemps que tout est pour nous une révélation, unique et éternelle, aussi longtemps que nous ne savons rien encore de l'insondable renaissance des formes !
Les Roumains gravement blessés sont couchés dehors dans la neige entre les pins. Nous avons placé près d'eux un de leurs sous-officiers de santé, un jeune juif. Il leur a allumé un feu qui brûle tristement et grésille sous les flocons de neige.
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