AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de migdal


"Parmi ceux qui firent le début du blocus avec amertume, parce qu'ils avaient alors foi dans le maréchal Pétain et qui s'échappèrent par la suite pour rejoindre la France libre, il y avait quatre sous-officiers, Perrousseau, Farner, Challes et Pascal. Le 17 avril 1941, ils se réunirent dans le local le plus discret qu'ils purent trouver, une chambre d'une petite maison de femmes portant le joli nom de "Brise de Mer » et résolurent de partir cette nuit même, à une heure, à marée haute. Le patron de la maison, un philanthrope nommé Donnard, leur offrit généreusement les meilleurs vins de sa cave, tandis qu'ils arrêtaient, à voix basse, leur plan de tâcher de gagner Zeilah. Une vieille prostituée, ex­perte en sorcellerie, fit des incantations pour obtenir un vent favorable.
Donnard leur prodigua ses encouragements qui n'étaient pas superflus, car il s'agissait à la fois d'affronter les navires anglais qui ignoraient avoir affaire à des alliés, et d'échapper aux sentinelles vigilantes de Vichy. Chacun d'eux laissait à Djibouti sa famille, qui aurait peut-être à endurer des représailles, pour s'en aller lutter pour la France, sa plus grande famille.
A minuit, Farner se glissa hors de la maison, croisant sur sa route un employé subalterne des bureaux qui venait apporter son tribut aux filles, sous la forme d'un gros gâteau. Il se laissa couler prudemment dans l'eau, mit à flot une pirogue qu'ils avaient coulée pour la dissimuler et alla pren­dre les trois autres qui l'attendaient le long de la digue. En dépit des prières de leur hôtesse, il n'y avait pas de vent lorsqu'ils atteignirent leur canot à voiles et, pendant trois heures, ils durent le pousser à la nage, jusqu'à ce qu'ils fussent hors de vue des gardes. Le matin leur apporta la brise et ils purent arriver tranquillement à Zeilah.
Mais le jour amena aussi les espions de Vichy commandés par le porteur de pâtisserie de la nuit précédente qui envahirent la « Brise de Mer » et arrêtèrent Donnard comme complice de l'évasion. Le Conseil de guerre le condamna à mort. La po­pulation de Djibouti fut épouvantée et le président du Conseil de guerre admit que la sentence devait être révisée, mais les mois passèrent et Donnard s'étiolait en prison. Le Khamsin, le vent dessé­chant du nord-ouest, faisait monter le thermomètre jusqu'à 50° et 55° à l'ombre.
Vichy, à l'autre bout du monde, dans la France en proie aux barbares, finit par confirmer télégraphiquement le jugement, et Donnard, dont la mé­moire est l'honneur de tout Djibouti, fut fusillé. Il refusa de se laisser bander les yeux et ses der­niers mots furent une bordée d'invectives à l'adresse des polichinelles de Vichy, dont Berlin tirait les fils et un cri de: « Vive la France! Vive de Gaulle! »
Commenter  J’apprécie          210





Ont apprécié cette citation (17)voir plus




{* *}