Elle savait que sa beauté piquante était son seul atout pour capturer un jour un époux. Ce n’était pas une chose facile en cette époque où les mariages se décidaient d’après des considérations d’intérêt : on associait fortunes et possessions sans se soucier le moins du monde des sentiments. Mais il arrivait qu’un gentilhomme violemment épris d’une adolescente oublie un moment son profit pour épouser l’objet de sa passion.
L’homme est ainsi fait qu’un corps agréable, un joli visage émeuvent sa virilité, mais tu seras toujours la seule dans mon âme et j’aurai hâte de rentrer près de toi, quoi qu’il advienne.
Elle défia le donjon qui semblait la narguer de sa puissance hautaine, et se promit que les seigneurs ne riraient pas toujours d’elle. Un jour viendrait où ils la salueraient avec respect. Elle ne savait pas comment, mais un jour prochain, elle reviendrait au château et y serait reçue en hôtesse honorable. Elle leur montrerait…
On avait fait jurer aux gentilhommes de protéger les faibles, les enfants, les femmes, et tous ceux qui ne possédaient pas d’épée pour se sauver eux-mêmes.
C’est la maladie de jeunesse, mon cœur ! On dit que le mariage arrange toujours cela, et je le crois. Une fois sa peau devenue lisse et nette, tu verras que ses traits ne sont pas plus désagréables que ceux d’un autre.
Une poule malingre vint gratter la terre à leurs pieds. D’un coup de pied, Abélisse l’envoya planer plus loin ; des plumes volèrent. Indignée, la volaille leur cria des insultes dans sa langue.
Honte aux femmes dévergondées ! Honte à ceux qui les convoitent ! Et vous, femmes impies qui défiez l’œuvre de Dieu, craignez, craignez Sa sainte colère. Car tous les démons de l’enfer viendront vous saisir aux oreilles pour vous traîner chez Satan où vous brûlerez en expiation de votre coquetterie. Pécheresses qui troublez les hommes aveuglés par leur sotte avidité, renoncez à ces manœuvres diaboliques et présentez-vous à Dieu le visage pur, l’âme soumise.
L’amour est un don de Dieu et qu’il ne convient pas, en effet, de le gaspiller au sein du mariage. Mon chapelain prétend que c’est un piège inventé par le diable !
Il est certainement moins sot qu’il n’en a l’air ; seulement intimidé. C’est très impressionnant, tu sais, pour un garçon, de rencontrer une si belle jeune fille.
Il était devenu l’ami et le chef des archers de messire Giraud, et si on ne l’aimait pas, tous le respectaient et le craignaient. Ses yeux noirs légèrement étirés vers les tempes n’avaient qu’à se poser sur un paysan pour que celui-ci sente le froid de la mort se glisser dans son dos. Le regard grave du Sarrasin semait la peur ; on le disait cruel comme ceux de sa race, et diabolique, d’où son surnom.