La nuit de printemps était douce. Le fleuve du jour avait disparu. Changeait-il d’aspect au crépuscule, devenant ce monstre aquatique dont Mo n’osait s’approcher ? Des vagues luisantes enflaient sous la surface. Le mouvement convulsif se propageait loin, si loin, vers les étoiles floues derrière un voile de brume. On eût dit qu’une gigantesque anguille s’était emparée du fleuve, commandant chacun de ses mouvements, et jusqu’aux battements du cœur qui frappaient à grands coups désordonnés, fébriles, depuis que le clapotis diurne s’était tu.