Pour beaucoup de chrétiens, la sainteté est affaire de l'homme avec le concours de Dieu. Leurs façons d'agir sont révélatrices à cet égard. Notamment leur prière qui se passe à demander à Dieu son aide, à plaider leur cause auprès de Lui avec tous les bons arguments qu'ils peuvent rassembler pour Le décider à intervenir en leur faveur. Cette mentalité est touchante, sans doute, mais elle repose sur une conception enfantine des rapports de Dieu et l'homme, elle fausse la vie chrétienne et entrave l'essor de l'âme vers la perfection. En effet, la sanctification n'est pas l'affaire de l'homme avec le concours de Dieu, mais l'oeuvre de Dieu avec le concours de l'homme. Et c'est bien différent. Si on le comprend, tout est transformé, et d'abord l'oraison.
Quand vous prenez un bain de soleil, pas besoin de vous affairer pour qu'il vous réchauffe et vous pénètre : il suffit que vous soyez là, offert à son rayonnement. De même qu'à l'oraison : il n'est que de s'exposer au Soleil. Mais encore faut-il croire au Soleil et à son action. C'est notre foi qui importe. Elle seule perçoit l'action sanctifiante de Dieu, elle seule nous ouvre et nous livre à cette action.
En face de la transcendance de Dieu l'homme réagit par l'adoration; en face de sa Seigneurie, par l'aveu de sa dépendance et la crainte révérencielle; en face de sa sainteté, par le repentir et la confiance; en face de son excellence, de sa beauté, par l'admiration et la louange. []
Jésus est venu et nous a révélé que ce grand Dieu est notre Père.
Encore faut-il chercher dans l’Evangile Quelqu’un. Lorsqu’on étudie un traité de mathématiques, on ne s’interroge pas sur les états d’âme de l’auteur, on ne recherche rien de plus qu’une information. En revanche, la jeune fille recherche avidement, dans la lettre de son fiancé, au-delà de ce qui est exprimé en clair, les vibrations et les richesses d’un cœur, les intonations d’une âme. Ainsi convient-il de lire l’Evangile.
Il n’est pas suffisant de chercher réponse à la question « Qui est le Christ ? », il faut se demander « Qui est-Il pour moi ? »