Une plume de l'Engoulevent
Qui perpétuel chante —
Ses Galeries d'Art sont l'Aurore —
Ses strophes, les Printemps —
Son Nid d'Émeraude — les siècles le tissent
D'un Fil murmurant — mélodieux —
Son Œuf de Béryl, l'Écolier le cherche
À la « Récréation », Là-haut !
Occupé à nettoyer les géraniums, je me vois
comme je suis, presque nu dans la chaleur,
essayant de faire vivre un microcosme
de tons roses noircis, fanés par le soleil et la pluie,
qui ploient et frémissent sous mes sécateurs
tandis que je sépare les fleurs pourries des vivantes,
comme un homme seul emplit un vide de paroles,
non pour consoler ou indiquer où est le bien,
mais pour dire quelque chose de vrai qui a du corps,
parce que c'est la preuve qu'il existe.
Occupé à nettoyer les géraniums, je me vois
comme je suis, presque nu dans la chaleur,
essayant de faire vivre un microcosme
de tons roses noircis, fanés par le soleil et la pluie,
qui ploient et frémissent sous mes sécateurs
tandis que je sépare les fleurs pourries des vivantes,
comme un homme seul emplit un vide de paroles,
non pour consoler ou indiquer où est le bien,
mais pour dire quelque chose de vrai qui a du corps,
parce que c’est la preuve qu’il existe.
Je peux sentir mon cœur battre dans mon cœur
[…]
NÉCESSAIRE ET IMPOSSIBLE
C'est une nation née dans la partie tranquille de l'esprit,
qui n'a pas de fantasme de toute-puissance,
pas de Dieu mais la nature, pas de réseau d'un vœu,
pas de coin sombre du pauvre, pas de fugue de haine,
pas de hiérarchies de force, de connaissance ou d'amour,
pas d'eau impure jaillissant de la roche, pas d'essaim de mouches polluées,
pas de tas de cendres de béton, de gypse et de verre,
pas de fausse miséricorde ni de vérités enfouies dans les excréments ;
et dans cette nation d'hommes et de femmes,
pas de visage dans le miroir reflétant plus d'obscurité
cette lumière, plus de conflits que d'amour, plus de conflits
que dans mes mains maintenant, alors que je suis assis sur un rocher,
déchirer du pain pour la carpe rouge et blanche
poussant hors de leur élément dans le mien.
NECESSAIRE ET IMPOSSIBLE
C’est une nation née dans la partie sereine de l’esprit,
sans fantasme de toute puissance,
sans Dieu sauf la nature, ni piège d’un serment unique,
sans coin obscur de pauvres, ni fugue de haine,
sans hiérarchies de force, de connaissance ou d’amour,
sans eau impure pulsée d’un roc, essaim de mouches polluées,
amas de cendres de béton, gypse et verre,
sans fausse pitié ou vérités enfouies dans des excréments ;
et dans cette nation d’hommes et de femmes,
sans visage dans le miroir reflétant plus de ténèbres
que de lumière, plus de conflit que d’amour, pas plus
que dans mes mains à présent, tandis qu’assis sur un rocher
je déchire du pain pour les carpes rouges et blanches
qui de leur élément s’élancent dans le mien.
I can feel my heart beating inside my heart
[…]
NECESSARY AND IMPOSSIBLE
It is a nation born in the quiet part of the mind,
that has no fantasy of omnipotence,
no God but nature, no net of one vow,
no dark corner of the poor, no fugue-work of hate,
no hierarchies of strength, knowledge or love,
no impure water spasming from rock, no swarm of polluted flies,
no ash-heap of concrete, gypsum and glass,
no false mercy or truths buried in excrement;
and in this nation of men and women,
no face in the mirror reflecting more darkness
that light, more strife than love, no more strife
than in my hands now, as I sit on a rock,
tearing up bread for red and white carp
pushing out of their element into mine.
NECESSAIRE ET IMPOSSIBLE
C’est une nation née dans la partie sereine de l’esprit,
sans fantasme de toute puissance,
sans Dieu sauf la nature, ni piège d’un serment unique,
sans coin obscur de pauvres, ni fugue de haine,
sans hiérarchies de force, de connaissance ou d’amour,
sans eau impure pulsée d’un roc, essaim de mouches polluées,
amas de cendres de béton, gypse et verre,
sans fausse pitié ou vérités enfouies dans des excréments ;
et dans cette nation d’hommes et de femmes,
sans visage dans le miroir reflétant plus de ténèbres
que de lumière, plus de conflit que d’amour, pas plus
que dans mes mains à présent, tandis qu’assis sur un rocher
je déchire du pain pour les carpes rouges et blanches
qui de leur élément s’élancent dans le mien.
Carnet d’un poète américain à Paris - Chapitre X
Extrait 3
Certains poètes sont semblables aux abeilles Frère Adam (ainsi nommées d’après le moine bénédictin qui les élevait), qu’abrite aujourd’hui une ruche installée sur le toit de la sacristie de la cathédrale Notre-Dame, dans l’île de la Cité. Brunes et veloutées, elles sont productives, résistantes aux parasites, et plus douces que la plupart. Chaque jour, ces abeilles butinent sept cents fleurs, et favorisent ainsi la croissance des plantes dans un rayon de trois kilomètres autour de l’édifice gothique. D’autres poètes, comme moi, sont des êtres solitaires, plus proches des abeilles à la langue courte qu’on trouve dans les régions sauvages, et qui transportent le pollen bien à l’abri sous leur abdomen ou fermement attaché à leurs pattes arrière. Parfois, lorsque j’entends les autres abeilles bourdonner, je me dis : « l’amour, que peut-il être d’autre qu’une profusion de bourdonnements, ou de la haine ? »
Carnet d’un poète américain à Paris - Chapitre X
Extrait 1
DANS L’ANTIQUITÉ, LES GRECS assimilaient les lèvres enduites de miel au don de l’éloquence. Pindare, le poète lyrique de Thèbes, avait été piqué à la bouche par une abeille, disait-on, alors qu’il était encore jeune homme, ce qui a fini par expliquer son talent. Horace, le chef de file de la poésie à l’époque romaine d’Auguste, se comparait dans ses odes aux abeilles du mont Matinus en Apulie, son lieu de naissance, où sur les collines arides elles butinaient le thym, les arbustes et les fleurs. Que les abeilles aient fabriqué elles-mêmes le miel à partir du nectar n’était pas un fait admis à l’époque classique : on pensait qu’elles le cueillaient directement sur les fleurs et ne faisaient que l’enrichir des saveurs de leur cru.
Carnet d’un poète américain à Paris - Chapitre X
Extrait 2
En France, les abeilles, symboles d’immortalité, étaient jadis un emblème des souverains. Napoléon les faisait broder sur ses habits impériaux et elles ornaient nombre de ses possessions. Nul doute qu’avec elles, la notion de royauté a son origine dans la nature, et nul doute que le royaume de la poésie n’est pas tellement différent de celui de la ruche.
Les vieux chevriers jurent que toute la nuit
Ils entendent le froufroutement de l'oiseau
Qui s'éveille dans les ténèbres et jusqu'à l'aube
S'évertue à vider la mamelle gonflée des chèvres.
Lune pleine, lune noire, le fermier circonspect
Rêve que ses bêtes les plus grasses meurent de fièvre
Sous les griffes du Tète-Chèvre, l'oiseau du diable,
Son œil, étincelant, un rubis de feu.