Henri Longnon

Avant de s'engager dans la lecture du Paradis, le lecteur doit d'abord se faire du Ciel une représentation nette et conforme à l'idée que la cosmographie médiévale avait héritée de Ptolémée, mais que Dante a interprétée et commentée en métaphysicien et en théologien.

Au centre de gravité de l'univers se trouve fixée, immobile, la Terre. C'est autour d'elle, et l'enveloppant de sphères de cristal successives, que tournent, à des allures différentes et d'autant plus rapides qu'elles s'éloignent davantage du centre d'attraction, les dix cieux qui constituent l'Univers, et que les Anciens avaient désignés par la planète ou l'étoile qui caractérise chacun d'eux et lui confère son influence. Ce sont, à partir de la Terre, le ciel de la Lune, celui de Mercure, celui de Vénus, celui du Soleil, celui de Mars, celui de Jupiter, celui de Saturne et celui des Etoiles fixes. Autour de ce dernier tourne, à une vitesse inconcevable, le ciel cristallin, ou Premier Mobile, ainsi nommé parce que c'est lui dont la rotation propre transmet aux autres le mouvement. Enfin, au-dessus du Premier Mobile, et l'enveloppant de son immuable sérénité, règne le ciel de Feu, ou Empyrée, où la cosmographie dantesque situe la Rose blanche, trône et cour de Dieu.

Dès ce bref exposé de topographie céleste, il convient de remarquer que, par un souci d'harmonie et de symétrie à la fois poétique et philosophique, Dante a pris soin de compter dix cieux au Paradis, tout ainsi qu'il avait compté dix cercles en Enfer et dix terrasses au Purgatoire, dix étant un nombre parfait, selon la mystique numérale de Pythagore, comme étant composé de 3 à la puissance 3, plus l'unité, origine de la suite infinie des nombres.

La Divine Comédie, Note sur le Paradis, p. 347, édition de 1959.