Le rythme consiste à disposer les sons de telle façon que, de distance en distance, régulière ou irrégulière, un son apporte à l'oreille la sensation d'un repos ou d'un arrêt. Si nous comparons la musique à la langue parlée, nous pouvons dire que les sons représentent les mots, et que c'est au moyen du rythme que ces mots sont reliés entre eux sous forme de phrases. De cette union du rythme et du son naît l'accent, par lequel ces mots et ces phrases prennent un sens précis et expressif: la musique est de toutes les langues celle dont l'accent est le plus souple et le plus délicat.
Gluck disait : « J'ai plus appris en France qu'avec Vinci et tous mes maîtres », et, de fait, c'était pour la France qu'il écrivait ses plus belles oeuvres, comme si notre art lui avait inspiré le plus pur de son génie. Ce fut après avoir passé plusieurs années chez nous, ce fut après s'être nourri des grandes traditions de notre déclamation lyrique, que Rossini composa Guillaume Tell. Ce ne fut qu'après avoir connu de près les maîtres de France, littérateurs, peintres ou musiciens et leurs oeuvres, que Meyerbeer trouva les dramatiques accents des Huguenots. On a bien parlé de l'influence des artistes étrangers sur la musique française; on n'a pas assez remarqué peut-être qu'à l'étranger certains opéras de nos musiciens, négligés chez nous, tenaient leur place au premier rang.
L'instrumentation est l'art de grouper les instruments de manière à soutenir et à enrichir la mélodie, de manière à colorer l'harmonie, par les différents timbres qui constituent l'orchestre. Avec l'harmonie et la science du développement, elle est de toutes les parties de la musique celle qui demande le plus de goût et le plus de pratique pour être appréciée à sa juste valeur.
Le théâtre, lui aussi, appelait à son secours la musique pour augmenter la pompe de ses représentations. Cependant un fait singulier se produit dans ce que nous pourrions nommer la musique dramatique de cette époque.
C'est surtout dans nos bibliothèques que ce respect du passé devient un véritable culte; là est son temple, là sont ses fidèles; je ne veux point seulement parler des travailleurs, pour lesquels la moindre brochure est devenue une sorte de relique, pourvu qu'elle ait seulement cent ans de date , mais de nous autres, les bibliothécaires.
Il est fort de mode aujourd'hui d'accuser nos générations modernes de mépriser les anciens, d'exalter nos propres mérites au détriment des choses et des hommes d'autrefois, d'oublier volontiers le passé au bénéfice du présent. Jamais grief ne fut moins fondé. En littérature, en histoire, en art, nous nous sommes au contraire passionnés depuis près de cent ans pour tout ce qui touchait aux temps anciens; nous avons voulu entrer chaque jour davantage dans la vie de nos ancêtres collectionner leurs moindres écrits, classer le moindre document venu d'eux ; jamais époque ne fut plus que la nôtre amoureuse de l'archéologie. Agir ainsi n'était-ce pas en réalité honorer le passé? Il faut avouer à la vérité que dans cette sorte de revue de l'histoire humaine, bien des procès ont été révisés que l'on pensait gagnés depuis longtemps, bien des hommes que l'on croyait grands ont singulièrement diminué de taille, lorsque nous les avons mesurés de plus près; notre esprit, devenu méfiant, a cessé d'admirer sur la foi de nos anciens maîtres, et nous n'avons voulu accepter l'héritage du passé que sous bénéfice d'inventaire.
"La musique est l'art de combiner les sons d'une manière agréable à l'oreille." Cette définition, qui est celle de J.-J. Rousseau, est la plus répandue; mais il faut avouer qu'elle est aussi la plus incomplète et la plus fausse.