6 juin. Mademoiselle Schneider vint me réveiller dès six heures du matin. Je devais me faire coiffer et mettre un grand habit pour aller à Versailles. La reine donnait la comédie à Trianon, pour madame la comtesse du Nord. Ces toilettes de cour sont éternelles, et le chemin de Paris à Versailles bien fatiguant, lorsque l'on craint surtout de chiffonner sa jupe et ses falbalas. J'essayai pour la première fois une chose fort à la mode, mais assez gênante: des petites bouteilles plates et courbées dans la forme de la tête, contenant un peu d'eau, pour y tremper la queue des fleurs naturelles et les entretenir fraîches dans la coiffure. Cela ne réussissait pas toujours, mais lorsqu'on en venait à bout, c'était charmant. Le printemps sur la tête, au milieu de la neige poudrée, produisait un effet sans pareil. (...) Madame la comtesse du Nord avait sur la tête un petit oiseau de pierreries qu'on ne pouvait pas regarder tant il était brillant. Il se balançait par un ressort, en battant des ailes, au-dessus d'une rose, au moindre de ses mouvements. La reine le trouva si joli qu'elle en voulut un pareil.