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Citation de sylvie


sur la route de Paris la banalité du décor trop connu m'écrase. Ce n'est pas vraiment la laideur, la plupart des bâtiments sont assez neufs. Ce qui me frappe c'est le manque. Quelque chose fait défaut qui devrait être là, qui y était encore il y a peu d'années. Je m'efforce de me dégager, de ces regrets, de ces soupirs. Seul compte ce qui est, cela seul est vrai. Tout est lié, le passé, la nature déjà restreinte, déjà blessée, celle qu'ont vue Claude Monet et ses camarades, et ce présent d'immeubles et de station service. Tout est là et dans ce rapport universel je suis pour le moment un point mobile qui va vers un autre momentanément immobilisé et couché avant la guérison ou l'intégration dans des formes nouvelles. Me voilà à la Porte Maillot, je tourne autour du square au milieu de la place et je m'engage sur le périphérique. Pas trop de monde ce dimanche après-midi, ça roule; Il me semble faire à l'ouest et au nord de Paris une sorte de chemin de croix comme on en faisait à l'église dans mon enfance. Mais les stations, cette fois-ci sont des portes. Des portes qui s'ouvrent vers Paris, vers l'encombrement, les bouchons et de l'autre côté vers la gigantesque banlieue, les autoroutes, les routes, et la campagne ruisselante de pluie. J'égrène en roulant les noms des portes comme les grains d'un chapelet. La ville est coupée en deux par ce boulevard, tout ce qui l'environne est marqué d'une sorte de saleté grise comme les gares de mon enfance l'étaient par la suie. Tout est à la fois mesquin et gigantesque, c'est Babylone, mais le regard ne peut se fixer nulle part. Je suis poussé en avant par tous ceux qui m'entourent et qui me suivent. Les choses ne sont pas faites pour être regardées, elles ne sont d'aucune façon accordées à un regard même à quatre-vingt kilomètres à l'heure. Je suis poussé en avant, vers où ? je suis poussé ver l'hôpital et la maladie. C'est là que l'on aboutit en ce lieu et en ce temps, je le ressens avec force.
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