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Citation de NMTB


[Quand Stanley retrouve son arrière-garde à Banalya, le 17 Août 1888]

La plume ne peut écrire ou la langue redire les horreurs de cette citadelle de la peste! La maladie hideuse, qui fait tant de victimes parmi les barbares, était visible sur la face et les corps de ces malheureux, défigurés, enflés, couverts de plaies et de cicatrices ; poussés par la curiosité, indifférents à l'horreur qu'inspirait la mort empreinte sur leur physionomie, ils venaient voir et entendre ceux qui arrivaient de la grande forêt. Six cadavres gisaient sans sépulture; les mourants, par douzaines, étalaient leurs abcès purulents. D'autres, réduits par l'anémie, la dysenterie ou des ulcères larges comme des soucoupes, à n'avoir plus que la peau sur des os en saillie, se traînaient vers leurs anciens amis et leur souhaitaient la bienvenue: la bienvenue dans ce charnier ! Affaibli, fatigué, surmené de corps et d'esprit, comment ai-je pu supporter ces premières, heures ? Des récits incessants de calamités me blessaient les oreilles ; une affreuse odeur de maladie empuantissait l'atmosphère ; les spectacles les plus repoussants passaient ou surgissaient devant nos regards épouvantés. Je n'entendais parler que de meurtres et morts, angoisses et souffrances. Partout où je m'arrêtais, les yeux caves des moribonds se fixaient sur les miens, si suppliants, si confiants, des regards chargés de désirs, et qui, hélas! venaient déjà de si loin ! Il me semblait qu'au premier sanglot mon coeur se romprait dans ma poitrine. Je m'assis, presque stupéfié par le désespoir ; et toujours retentissait à mes oreilles la lugubre cadence de ce récit : morts et désastres, désastres et morts.
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