Hervé Aliquot

Pendant le festival de 1967, la troupe de théâtre américaine de Julian Beck provoqua une réaction scandalisée des Avignonnais. En effet, son spectacle "Paradise Now", donné dans le cloître des Carmes, était un happening déconcertant pour l'esprit français. Un soir, le spectacle fut suivi d'un défilé improvisé par les acteurs. Ils entraînèrent à leur suite l'ensemble des spectateurs pour une promenade nocturne à travers les rues Carreterie et des Infirmières. Tandis que la foule bourdonnait, les braves gens qui prenaient le frais ou tentaient de dormir venaient se mettre aux fenêtres pour voir s'écouler, sans comprendre, cet étonnant cortège ; puis le spectacle recommençait, avec, sous la chaude nuit d'été, un déshabillage progressif et poétique au cours duquel, les acteurs invitaient les spectateurs à se joindre à eux.
En même temps, la troupe vivait une vie communautaire extrêmement libre, dans les locaux alors abandonnés de la livrée Ceccano. (...) Les passants de la rue de la Rpublique, criaient au secours à la vision des filles qui se promenaient les seins nus ou même dans le plus simple appareil. (...) Ce fut enfin, pour les Avignonnais, la première rencontre officielle avec le monde de la drogue, car tous fumaient du haschisch. Cette liberté provoqua une réaction en chaîne de l'opinion et les autorités furent obligés d'expulser le "Living Theater". Il fallut l'intervention des C.R.S. pour mettre à la porte ces pacifistes qui faisaient l'amour et faisaient des adeptes, puisque la police récupéra quelques Avignonnaises au cours de l'opération ! L'année suivante, c'était 1968 et, depuis, les Avignonnais en ont vu bien d'autres.

Porte et boulevard Saint-ROCH
Saint Roch est le protecteurs des pestiférés ; il est en France accompagné de son chien et en Italie, représenté couvert de bubons. Il n'est donc pas étonnant que le pape Clément VI , lorsqu'il crée l'hôpital des pestiférés lors de l'épidémie de 1348 le place sous son nom.
Mais le fléau revient périodiquement : "la peste commença en Avignon, le mois d'août 1629, et ce fut pour lors qu'on commença à faire des cabanes à Janfleury (Chamfleury) où l'on en fit plus de trois cents, et à chaque personne, tant petite que grande. La ville leur baillait tous les jours deux pains , un pot de vin, demi-livre de viande, et le vendredi huit patas (piécettes). La cuisine se faisait pour ceux des cabanes, au moulin. Pour lors, tous les Messieurs de la ville avaient fui et on croit qu'il sortit plus de 8 000 personnes et ne demeura des principaux que Messieurs les consuls". On comptera 2 800 morts de la peste à Saint-Roch. Il y eut aussi des épisodes scabreux, comme l'histoire de cette femme qui épousa trois hommes en dix huit jours. "Elle devint enceinte. Le cas était embarrassant de savoir à qui des trois maris appartenait l'enfant, pour qu'il put hériter des bien de son père.

Rue Migrenier
L'arbre aux mille grains, le melgranier, c'est le grenadier, la grenade c'est la miougrano dont Théodore Aubanel (un félibre) fera le titre d'n de ses recueils d'amours vertueuses.
Cette ruelle au pied du rocher, fait la liaison entre l'escalier Sainte Anne et la Prison.
Pendant "la Révolte des prisonniers, vers 1975, on vit le spectacle étrange des prisonniers cassant les tuiles de leurs bâtiments, tandis que les CRS, cassaient les tuiles de la chapelle des Pénitents Noirs jouxtante. L'Etat paya pour refaire les toits des prisons ; ce fut la ville qui dut refaire à ses frais la toiture des Pénitents.