Hervé Prudon

[...] A Pristina, je découvre des maisons à moitié brûlées, des routes défoncées, et puis des voitures allemandes, suisses, reflets de la diaspora albanaise qui prospère en Europe. [...]. Il n'y a plus de policiers dans les rues, le commissariat a cramé ou les flics ont déguerpi, emmenant leurs kalachnikovs pour la route mais laissant leurs uniformes et leurs matraques. Le sol, en terre battue, a la souplesse des vieux trampolines, comme si, dessous, des morts luttaient pour s'en échapper. Notre fringant administrateur des Nations unies a eu du mal à trouver un bureau à la hauteur en arrivant là. Se demander qui commande n'est pas à l'ordre du jour : on se demande commander dans de telles conditions.
Le chantier est colossal, pour qui veut retrousser ses manches. Ce n'est pas le cas de tout le monde. [...]