Messieurs,
Il semble que le sujet dont je vais vous entretenir ne puise être traité que par la poésie. Quand on parle de l'idéal, c'est avec son coeur; on pense alors au beau rêve vague par lequel s'exprime le sentiment intime; on ne le dit guère qu'à voix base, avec une sorte d'exaltation contenue; quand on en discourt tout haut, c'est en vers, dans une cantate; on n'y touche que du bout du doigt ou à mains jointes, comme lorsqu'il s'agit du bonheur, du ciel et de l'amour. Pour nous, selon notre habitude, nous l'étudierons en naturalistes, méthodiquement, par l'analyse, et nous tâcherons d'arriver, non à une ode, mais à une loi.