Ce fleuve, ce pont qui le traverse, cette usine. Tout est si grand, et j'en fais partie, j'y suis nécessaire, j'y travaille, alors je devrais être reconnaissante, me dire que c'est merveilleux, non ? Certes, n'importe qui pourrait faire mon travail, même un vieillard ou un handicapé. En ce sens, c'est peut-être une injustice terrible pour une jeune femme qui, comme on dit, a l'avenir devant elle. Pourtant, ça ne manque pas, les jeunes gens contraints de passer leur temps dans l'oisiveté, reclus dans leur chambre. Celui qui veut travailler et qui a la chance de le pouvoir, comment ne serait-il pas reconnaissant d'avoir un emploi ? Sauf que moi, je n'ai pas envie de travailler. Car, en vérité, ce qui fait la valeur de la vie, ce qui lui donne un sens, n'a rien à voir avec le travail. Je l'ai cru autrefois, mais je sais aujourd'hui que ça n'a aucun lien.